Les Etats-Unis échappent à une flambée de l'inflation en juillet

L'inflation a frémi aux Etats-Unis en juillet sans toutefois atteindre le stade de l'ébullition, selon un indice publié mardi dont se satisfait l'exécutif américain, "heureux" de démentir des prédictions selon lui "catastrophistes" sur les répercussions de ses droits de douane.

Le mois dernier, l'indice des prix à la consommation (CPI) a progressé au même rythme qu'en juin (+2,7% sur un an), contenu par la baisse du coût du pétrole (- 9,5% sur un an).

Hors prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'indice marque en revanche une nette accélération à +3,1% sur un an.

La publication est hautement sensible politiquement.

Le président Donald Trump a fait campagne sur la promesse de rendre du pouvoir d'achat aux Américains.

Mais la majorité des économistes s'attendent à voir l'inflation accélérer au fur et à mesure qu'entrent en vigueur les taxes sur les importations qu'il a introduites depuis son retour au pouvoir en janvier. Surtout à partir du moment où les entreprises auront épuisé les stocks constitués dans l'urgence.

"Les droits de douane ont pour l'instant eu un un impact limité sur l'inflation. Mais puisque les taux douaniers annoncés sont en hausse un jour, plus bas le lendemain et encore plus élevés le jour suivant, on ne peut pas encore évaluer leur répercussion finale sur les prix", estime Bill Adams, économiste de la banque texane Comerica.

"Certains biens augmentent à cause des droits de douane mais cela ne touche pas encore significativement les consommateurs, aidés en cela par le carburant peu cher", observe de son côté Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union.

Pour elle, "ce n'est qu'une question de temps avant que d'autres biens se renchérissent".

L'analyste est tout autre à la Maison Blanche.

"Les droits de douane n'ont pas causé d'inflation ni aucun autre problème à notre pays", a réagi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.

"Je suis heureux de voir que l'inflation continue de bien se tenir", a déclaré à la chaîne de télévision CNBC son conseiller Stephen Miran, que le président américain a récemment proposé pour un poste de gouverneur de la banque centrale des Etats-Unis (Fed).

"Il n'y a toujours aucune preuve d'une inflation induite par les droits de douane. Beaucoup de gens s'y attendaient, prédisaient le pire, (...) du catastrophisme, cela ne s'est tout simplement pas produit", a-t-il ajouté.

- Nouvelles menaces sur la Fed -

Donald Trump a appelé une nouvelle fois le président de la Fed Jerome Powell à baisser les taux d'intérêt "MAINTENANT".

Et menacé d'autoriser une "action en justice majeure" contre lui, fondée sur la facture des travaux de rénovation du siège de l'institution à Washington, qu'il juge bien trop élevée.

Le président américain ne fait pas mystère de son souhait d'accélérer le départ de Jerome Powell, en théorie inamovible ou presque.

Pour le limoger, il lui faudrait prouver l'existence de fautes graves ou de malversations de la part du très pondéré banquier central de 72 ans, dont le mandat s'achève en mai 2026.

M. Powell représente une voix parmi douze au sein du comité fixant les taux d'intérêt de la Réserve fédérale (FOMC).

Deux gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, plaident pour une baisse de taux dès septembre, afin de soutenir le marché du travail.

Le président de la Fed de Kansas City Jeff Schmid, membre du FOMC cette année, est sur une autre ligne. Il estime mardi dans un discours que "l'inflation demeure trop élevée" et que "maintenir une politique monétaire modérément restrictive reste approprié pour le moment".

Ces divisions ont lieu au moment où les données officielles sur lesquelles se basent les banquiers centraux et les investisseurs sont frappées du soupçon.

Donald Trump a limogé le 1er août l'économiste qui supervisait le Bureau des statistiques de l'emploi (BLS) après la publication d'un rapport montrant que le marché du travail s'est nettement dégradé au printemps.

Selon lui, les données ont forcément été déformées en sa défaveur.

Le BLS est aussi à l'origine de l'indice d'inflation CPI.

Donald Trump a nommé lundi à la tête du service de statistiques EJ Antoni, un économiste d'un centre de réflexion très conservateur qui soutient sans réserve la politique présidentielle.

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