Boniface Mwangi, célèbre militant des droits humains au Kenya, très critique du chef de l'Etat William Ruto, a annoncé mercredi son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 2027, quelques semaines après des manifestations antigouvernementales à nouveau réprimées dans le sang.
"Notre pays est brisé et en danger de devenir un Etat failli", a expliqué M. Mwangi. "Comment avons nous pu élire des gens accusés de crimes contre l'humanité à (sa) tête ?", a-t-il ajouté, en référence à des poursuites de la Cour pénale internationale (CPI) contre l'actuel chef de l'Etat pour son implication dans les violences post-électorales de 2007-2008 au Kenya, finalement abandonnées par la CPI en 2016.
M. Mwangi a fait cette annonce devant des centaines de partisans réunis à proximité du palais présidentiel à Nairobi, quelques semaines après une vague de manifestations contre William Ruto, qui ont été brutalement réprimées.
La police des polices kényane a elle-même fait état de 65 tués lors de ces rassemblements antigouvernementaux en juin et juillet derniers, épinglant "un recours disproportionné à la force" et "un manque de professionnalisme" des forces de l'ordre.
Au moins autant de personnes étaient mortes l'an passé, selon les organisations de défense des droits humains, lors de la répression de précédentes manifestations organisées dans le cadre de ce même mouvement de contestation antigouvernementale, principalement mené par les jeunes.
"Nous nous organisons maintenant pour déclencher une révolution électorale", a lancé M. Mwangi.
De nombreuses personnes portaient un t-shirt à son effigie, agitaient le drapeau kényan et scandaient son slogan "Upendo na ujasiri" ("amour et courage" en swahili, NDLR).
Boniface Mwangi, 42 ans, est célèbre au Kenya où il a été arrêté à de nombreuses reprises, la dernière fois en juillet dernier.
Ex-photojournaliste, il avait notamment documenté les violences post-électorales de 2007-2008, pour lesquelles M. Ruto a été un temps poursuivi pour crimes contre l'humanité par la CPI. Les poursuites avaient été abandonnées après ce qui avait été décrit comme une campagne d'intimidation de témoins.
Plus de 1.100 personnes avaient été tuées et des centaines de milliers déplacées dans ces violences post-électorales, à caractère ethnique.
L'annonce de la candidature de M. Mwangi coïncide également avec le 15e anniversaire de la promulgation de la Constitution actuelle du Kenya, pays considéré comme une rare démocratie stable dans une région troublée.

