Un recours a été déposé mercredi devant le tribunal administratif d'Orléans pour contester l'interdiction de la mairie d'inhumer dans cette ville Protais Zigiranyirazo, dit "Monsieur Z", considéré comme l'une des figures du génocide des Tutsi au Rwanda, a-t-on appris auprès du tribunal et de l'avocat de la famille.
Ce "référé liberté" a été déposé mercredi après-midi, a indiqué à l'AFP Me Philippe Meilhac, avocat notamment de la soeur du défunt.
Une information confirmée à l'AFP par l'instance judiciaire. L'audience se déroulera jeudi matin à 9H00.
En attendant la décision, Me Philippe Meilhac a indiqué que la tenue de la cérémonie religieuse prévue jeudi à 11H00 en l'église Saint Paterne devrait être reportée.
Avant l'annonce du recours, l'évêque d'Orléans Mgr Blaquart avait indiqué dans un communiqué qu'il avait, "par respect pour la mémoire des victimes", demandé "la plus grande sobriété dans la célébration des obsèques, et a notifié des restrictions, notamment qu'il n'y ait ni eucharistie, ni témoignages".
Le décret de l'évêque d'Orléans n'interdit pas la présence du corps du défunt à la cérémonie, a précisé le diocèse à l'AFP.
Décédé le 3 août à Niamey (Niger) à l'âge de 87 ans, Protais Zigiranyirazo avait été condamné à 20 ans de prison pour génocide en première instance par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) mais acquitté en appel en 2009.
Les juges de la chambre d'appel avaient à l'époque conclu que leurs collègues de première instance s'étaient "gravement fourvoyés dans le traitement des preuves" et qu'il n'y avait pas d'autre choix que l'acquittement.
Frère aîné de la veuve du président rwandais Juvénal Habyarimana dont le meurtre, le 6 avril 1994, avait été immédiatement suivi par le début du génocide, "Monsieur Z" reste considéré par beaucoup comme l'un des cerveaux du cercle présidentiel hutu soupçonné d'avoir planifié le génocide.
Le maire d'Orléans, Serge Grouard (DVD), avait pris un arrêté mardi pour interdire l'inhumation de Monsieur Z en raison d'un "risque grave de troubles à l'ordre public" et de "la possibilité sérieuse que la sépulture devienne un lieu de glorification pour les auteurs et complices du génocide rwandais".
Une décision fustigée par l'avocat de la famille Me Meilhac, prise selon lui "sous certaines pressions" d'associations, alors que "l'inhumation avait d'abord été autorisée".
D'avril à juillet 1994, le génocide au Rwanda a fait selon l'ONU 800.000 morts, membres de la minorité tutsi ou Hutu modérés, tués par les Forces armées rwandaises et les milices extrémistes hutu Interahamwe.

