Washington sanctionne trois ONG palestiniennes jugées proches de la CPI

Les Etats-Unis ont imposé jeudi des sanctions contre trois ONG palestiniennes accusées de travailler avec la Cour pénale internationale (CPI), qui a notamment émis un mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, selon le département d'Etat.

Les ONG Al-Haq, Al-Mezan et le Centre palestinien pour les droits de l'Homme (PCHR) "se sont directement engagées dans des efforts de la Cour pénale internationale pour enquêter, arrêter, détenir ou poursuivre des ressortissants israéliens, sans le consentement d'Israël", indique le communiqué signé par le secrétaire d'Etat Marco Rubio.

"Nous nous opposons à l'agenda politisé de la CPI (...) et à son mépris pour la souveraineté des États-Unis et de nos alliés".

Ces sanctions concernent le gel des avoirs éventuels détenus aux Etats-Unis par ces organisations et de toute transaction financière avec elles.

Elles "sont totalement inacceptables et devraient être supprimées", a réagi vendredi dans un communiqué le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk.

"Ces ONG fournissent un travail humanitaire vital, particulièrement sur le plan de l'imputabilité des violations des droits humains" dans les Territoires palestiniens occupés, a-t-il ajouté en référence à la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, et à la bande de Gaza, assiégée et dévastée par les représailles militaires d'Israël à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur son sol le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué commun, les trois organisations palestiniennes ont accusé les États-Unis d'avoir fait le choix de "protéger et renforcer le régime d'apartheid colonialiste sioniste d'Israël et son occupation illégale."

- "Campagne incessante" -

"Cette tentative de réduire au silence les voix palestiniennes est la dernière étape en date d'une campagne incessante menée par Israël et ses alliés depuis plusieurs décennies, en toute impunité au plan international, pour effacer le peuple palestinien", estiment-elles en appelant à une "solidarité mondiale pour mettre fin au génocide à Gaza et à l'oppression des Palestiniens".

"La décision de l'administration Trump (...) constitue une attaque profondément troublante et honteuse contre les droits humains et la quête mondiale de justice", a réagi dans un communiqué Erika Guevara-Rosas, une directrice d'Amnesty International.

Ni les Etats-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, juridiction permanente basée à La Haye, et chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Ils ne reconnaissent pas sa capacité à poursuivre leurs ressortissants et Israël qualifie régulièrement d'"antisémites" et "infondées" les accusations de génocide portées à son encontre pour sa conduite de la guerre à Gaza.

Après sa reconnaissance à l'ONU en 2012 comme Etat observateur non membre, l'Etat de Palestine a ratifié en 2015 le traité de Rome ayant instauré la CPI, et celle-ci s'est déclarée compétente en 2021 pour instruire et juger des faits relevant de son mandat survenus en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza.

Ces derniers mois, les Etats-Unis ont multiplié les sanctions visant des juges et des procureurs de la CPI, bête noire du gouvernement de Donald Trump.

La CPI est dans le viseur de Washington après avoir émis des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Gaza.

La cour a aussi émis des mandats d'arrêt contre trois hauts dirigeants du Hamas pour l'attaque du 7-Octobre. Tous trois ont été depuis lors tués par Israël.

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