L'ONG Amnesty International a déploré mardi un "recul préoccupant dans la lutte contre l'impunité dans le Sahel et dans le monde", au lendemain de l'annonce du retrait de la Cour pénale internationale (CPI) du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Ces trois pays sahéliens dirigés par des juntes autoritaires arrivées au pouvoir par des putschs entre 2020 et 2023, ont déclaré lundi soir quitter la CPI avec effet immédiat, la qualifiant d'"instrument de répression néo-coloniale aux mains de l'impérialisme".
Les pays qui sont alliés au sein d'une confédération, l'Alliance des Etats du Sahel (AES) revendiquent une politique souverainiste et ont tourné le dos à l'Occident.
Leur annonce "constitue un affront aux victimes et aux survivant.e.s des crimes les plus graves, ainsi qu'à toutes les personnes qui luttent contre l'impunité dans ces pays et dans le monde entier", s'est indigné Marceau Sivieude, directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et centrale.
Selon Amnesty, ce retrait n'aura toutefois pas d'incidence sur l'enquête en cours de la CPI au Mali pour des crimes commis depuis janvier 2012 sur le territoire.
Mais, "une fois le retrait effectif, cela compromettrait considérablement les chances des victimes et des survivant.e.s de futurs crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocides dans ces pays du Sahel de pouvoir obtenir justice devant la CPI", regrette M. Sivieude.
La CPI, basée à la Haye, n'avait pas officiellement réagi mardi soir à cette annonce.
Fondée en 2002, cette institution a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves commis dans le monde, lorsque les pays n'ont pas la volonté ou la capacité de le faire eux-mêmes.
La CPI comptait jusqu'à présent 125 membres. Les Etats-Unis et la Russie n'en font pas partie, ni Israël, la Chine ou la Birmanie.
Elle essuie régulièrement des critiques, notamment dans les pays africains où elle est accusée de poursuivre majoritairement des personnalités du continent.
Les trois pays de l'AES sont confrontés à des violences meurtrières des groupes jihadistes liés à Al-Qaida et l'Etat islamique mais leurs armées sont également accusées de crimes contre des civils.
En novembre, un chef jihadiste malien, Al Hassan, avait été condamné par la CPI à 10 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
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