Les députés italiens ont rejeté jeudi le renvoi en justice de deux ministres et d'un haut responsable après la libération par Rome d'un Libyen soupçonné de crimes de guerre et recherché par la Cour pénale internationale (CPI).
Les ministres de la Justice Carlo Nordio et de l'Intérieur Matteo Piantedosi ainsi que le sous-secrétaire d'État à la présidence, Alfredo Mantovano, en charge des services de renseignement, sont soupçonnés d'avoir facilité la libération du Libyen et son renvoi à Tripoli.
Le Tribunal des ministres, un organe judiciaire chargé des affaires concernant les membres du gouvernement, avait demandé l'autorisation de les renvoyer en justice, une requête sur laquelle devait se prononcer la Chambre des députés.
Cette dernière, largement dominée par la majorité ultraconservatrice au pouvoir, l'a sans surprise rejetée avec plus de 250 votes contre sur plus de 360 exprimés, lors de trois scrutins distincts.
Osama Almasri Najim, chef de la police judiciaire libyenne, fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis depuis le 15 février 2015.
Il avait été arrêté en janvier dans un hôtel de Turin (nord de l'Italie) en vertu de ce mandat, puis libéré deux jours plus tard sur ordre de la cour d'appel de Rome pour vice de procédure et immédiatement expulsé vers Tripoli à bord d'un avion affrété par l'État italien.
M. Nordio est soupçonné de ne pas avoir fait son devoir et d'avoir attendu la décision de la cour d'appel de Rome alors qu'il était au courant de l'arrestation du Libyen et qu'il aurait pu intervenir pour le maintenir en prison.
Il avait justifié en février sa décision en affirmant que le mandat d'arrêt de la CPI était truffé "d'imprécisions, d'omissions, d'incohérences et conclusions contradictoires".
La décision de M. Piantedosi de signer son expulsion et celle de M. Mantovano d'utiliser un vol d'État pour le rapatrier ont permis à Osama Almasri Najim d'éviter l'arrestation en vertu du mandat de la CPI.
Citée dans une plainte au sujet de cette affaire, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni avait pour sa part annoncé début août sur les réseaux sociaux avoir été mise hors de cause par le Tribunal des ministres.