Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont récusé mercredi le procureur général Karim Khan dans le dossier pour crimes contre l'humanité visant l'ancien président philippin Rodrigo Duterte, en invoquant "un soupçon raisonnable de conflit d'intérêt".
Cette décision ne devrait avoir que peu d'effet sur la poursuite du dossier car M. Khan est actuellement en disponibilité en raison d'une enquête contre lui pour agression sexuelle.
M. Duterte est visé devant la CPI par trois plaintes pour crimes contre l'humanité en raison de son implication dans des meurtres commis dans le cadre de sa "guerre contre la drogue" qui aurait fait des milliers de victimes.
La défense de l'ancien chef de l'Etat philippin avait demandé la récusation du procureur en arguant que celui-ci avait représenté comme avocat des victimes présumées de M. Duterte avant de prendre ses fonctions de procureur général à la CPI.
Si la chambre d'appel de la CPI "considère que le conflit d'intérêt actuel n'a pas été démontré (...) plusieurs facteurs peuvent soulever un soupçon raisonnable", relèvent les juges.
L'implication de M Khan auprès de victimes "pourrait avoir forgé (son) opinion sur la responsabilité pénale personnelle de M. Duterte", selon les juges. Cela pourrait "affecter défavorablement l'impartialité" du procureur, ont-ils encore estimé.
Invoquant l'enquête visant le procureur sur des allégations d'agression sexuelle, les défenseurs de M. Duterte ont également estimé que cela affectait la présomption de "haute moralité" de M. Khan.
"Cette récusation (du procureur général) n'aura pas d'impact sur le dossier lui-même", a assuré le porte-parole de la CPI Fadi El Abdallah.
La récusation de M. Khan intervient quelques jours après que la Cour a décidé de maintenir en détention M. Duterte, âgé de 80 ans, en attendant de décider s'il est en état de comparaître.
