La justice centrafricaine a condamné mardi un consultant belgo-portugais travaillant pour une ONG américaine à dix ans de travaux forcés pour complicité d'association de malfaiteurs et atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, pour ses contacts avec des groupes armés rebelles.
Joseph Martin Figueira a été arrêté en mai 2024 et était initialement poursuivi pour six chefs d'accusation dont complot, espionnage et incitation à la haine, pour ses contacts avec des groupes armés dans le Haut-Mbomou, une région en proie à des affrontements entre groupes rebelles, où il avait été envoyé par l'ONG américaine Family Health International 360.
"Je ne m'attendais pas à un tel verdict. Je vais me pourvoir en cassation. Nous avons un délai de trois jours pour le faire" a déclaré à l'AFP M. Figueira, qui toujours clamé son innocence, après l'énoncé du verdict par la Cour criminelle de Bangui.
"Ce procès n'est pas équitable", a fustigé Me Nicolas Tiangaye, son avocat, qui a affirme également que son client a été "torturé".
L'Etat, qui s'est constitué partie civile, a obtenu des dommages et intérêts à hauteur de 50 millions de francs CFA (environ 75.000 euros) pour compenser le préjudice subit en raison des moyens financiers, logistiques voire politiques fournis à des groupes armés a expliqué l'un des avocats de la partie civile.
- Joseph Kony -
Durant le procès, le procureur général, Jean Vidal Damas a fait écouter à la Cour plus d'une heure de conversations entre Joseph Martin Figueira et des responsables politiques du groupe rebelle de l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC).
Dans ses échanges, M. Figueira s'est entretenu avec le chef de l'UPC Ali Darassa, un de ses conseillers politiques, mais aussi Nicolas Herrera, représentant de la Cour pénale internationale, pour négocier la participation du groupe armé à la capture du chef rebelle ougandais fugitif Joseph Kony qui a également sévi en Centrafrique.
"Le seul fait de donner des ordres à un groupe armé non conventionnel peut être assimilé à de la complicité, à de l'association de malfaiteurs", a détaillé le procureur général Jean Vidal Damas.
La Centrafrique a conclu des accords de paix avec l'UPC et un autre groupe armé, Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) sous l'égide du Tchad en avril. Le désarmement des deux groupes a débuté en août. La Centrafrique, qui est l'un des pays les plus pauvres du continent africain, a été ravagée par une succession de guerres civiles, coups d'État et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.
Elle est en proie à des guérillas multiformes, notamment à sa frontière est avec les deux Soudan. L'armée nationale est soutenue par des mercenaires du groupe russe Wagner ou son successeur Africa Corps, et l'instabilité notamment à sa frontière est avec les deux Soudan.

