L'avocat franco-palestinien Salah Hamouri a porté plainte vendredi pour "déportation", trois ans après qu'Israël l'a expulsé vers la France, ont annoncé vendredi ses avocats.
Depuis juillet 2024, un juge d'instruction parisien enquête sur des accusations de détention arbitraire et de torture, imputées à Israël par l'avocat et militant de 40 ans.
Cette nouvelle plainte, déposée avec constitution de partie civile à Paris, vise les crimes de "déportation", "persécution" et "ségrégation" qui peuvent être qualifiés selon le code pénal de "crimes de guerre" ou de "crimes contre l'humanité".
Né à Jérusalem d'une mère française, Salah Hamouri détenait un "permis de résidence permanente" délivré aux Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.
Ce permis lui a été retiré fin novembre 2022 pour "violation d'allégeance" à l'Etat d'Israël, un mois avant son expulsion vers la France qu'il qualifie de "déportation".
"Les responsables politiques de ma déportation doivent en payer le prix", a déclaré Salah Hamouri lors d'une conférence de presse, exhortant "la France à faire respecter les droits d'un Français bafoués par un Etat d'occupation".
"Le but est aussi de protéger les autres Palestiniens" contre des tentatives de les expulser des territoires occupés, a poursuivi M. Hamouri, qui se dit victime d'un "harcèlement intense" des autorités israéliennes.
La plainte, déposée par Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, vise notamment la compagnie aérienne El Al.
En embarquant M. Hamouri sur l'un de ses vols, encadré par des agents de police et "menotté aux mains et aux pieds", la compagnie nationale a apporté "une aide substantielle à la perpétration de la déportation", qui "engage sa responsabilité pénale", selon la plainte.
Des juges et procureurs israéliens qui ont participé à la procédure contre Salah Hamouri, ainsi que d'anciens ministres l'ayant appuyée, sont aussi visés.
Arrêté en 2005, Salah Hamouri a été condamné en 2008 à sept ans de prison par un tribunal israélien pour sa participation à un projet d'assassinat d'Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d'Israël, à l'origine du parti ultra-orthodoxe Shass.
Le Franco-Palestinien, qui clame son innocence, avait été relâché en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Israël le soupçonne de liens - ce qu'il nie - avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation considérée comme terroriste par l'Etat hébreu et l'Union européenne.
Paris avait jugé son expulsion "contraire au droit". Le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme l'avait qualifiée de "crime de guerre".

