Un tribunal des Nations unies a accordé lundi une libération anticipée à un ancien ministre de la Défense croate de Bosnie condamné pour crimes de guerre, notamment pour le meurtre et la déportation de musulmans en Bosnie au début des années 1990.
Le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, basé à La Haye, a ordonné la libération de Bruno Stojic, détenu en Autriche, afin qu'il puisse retourner en Croatie.
Pour motiver sa décision, la juge Graciela Gatti Santana a considéré que M. Stojic, âgé de 70 ans, s'était bien comporté en prison, avait reconnu la gravité de ses crimes et ne risquait pas de récidiver.
"La gravité des crimes de M. Stojic est élevée et pèse contre une libération anticipée. Cependant, plusieurs facteurs positifs plaident en faveur d'une libération anticipée", a-t-elle noté.
M. Stojic a été condamné à 20 ans de prison en 2013, tout comme l'ancien président croate de Bosnie Jadranko Prlic et quatre autres individus.
Il s'était livré au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en avril 2004, plaidant non-coupable. Sa peine s'achevait en principe en septembre 2027.
En 2013, lors de la condamnation de M. Stojic, le juge Jean-Claude Antonetti avait déclaré que lui et les autres accusés avaient eu pour objectif la réunification de la Bosnie avec la Croatie.
Pour y parvenir, ils voulaient "modifier la composition ethnique" des terres revendiquées par les Croates de Bosnie.
Selon M. Antonetti, ils y sont parvenus par la force, l'intimidation et la terreur, "en procédant à des arrestations massives de musulmans bosniaques qui ont ensuite été assassinés, battus, agressés sexuellement, dépouillés de leurs biens et victimes d'autres exactions".
La guerre sanglante qui a ravagé la Bosnie entre 1992 et 1995 a principalement opposé les musulmans bosniaques aux Serbes de Bosnie, mais elle a également donné lieu, pendant un certain temps, à des combats acharnés entre les musulmans bosniaques et les Croates bosniens.
Près de 100.000 personnes ont été tuées durant ce conflit, dont au moins 8.000 hommes et adolescents musulmans abattus par les forces serbes de Bosnie lors du massacre de Srebrenica - un génocide selon la justice internationale.
En 1992, les Croates de Bosnie ont créé le Conseil de défense croate, qui était à la fois une armée et un gouvernement. En août 1993, ils ont proclamé la République croate d'Herceg-Bosna, entité territoriale illégale en Bosnie.
Selon le communiqué du tribunal, M. Stojic a été encouragé à "continuer, même après sa libération anticipée, à réfléchir à sa conduite et à sa responsabilité et à envisager des mesures concrètes qu'il pourrait prendre pour faciliter la réconciliation".

