L'ONU a estimé lundi que le verdict rendu contre l'ancienne Première ministre du Bangladesh, accusée de crimes contre l'humanité, constitue un "moment important pour les victimes", mais regrette sa condamnation à mort.
Au terme de cinq mois de procès, un tribunal de la capitale Dacca a estimé que Sheikh Hasina était coupable de crimes contre l'humanité, notamment pour avoir incité et ordonné des meurtres.
Le tribunal a également condamné à mort lundi l'ancien ministre de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan Kamal, lui aussi en fuite. L'ex-chef de la police, Chowdhury Abdullah Al Mamun, en détention et qui a plaidé coupable, s'est vu lui infliger une peine de cinq ans d'emprisonnement.
Ces verdicts "constituent un moment important pour les victimes des graves violations commises lors de la répression des manifestations l'année dernière", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, dans un communiqué.
"Bien que nous n'ayons pas été dans le secret du déroulement de ce procès, nous avons toujours plaidé pour que toutes les procédures" visant à établir la justice, "respectent sans équivoque les normes internationales en matière de procédure régulière et de procès équitable", a-t-elle toutefois indiqué.
"Cela est particulièrement important lorsque, comme dans le cas présent, les procès se sont déroulés par contumace et ont abouti à une condamnation à la peine capitale", a-t-elle poursuivi.
Et "nous regrettons également l'imposition de la peine de mort, à laquelle nous nous opposons en toutes circonstances", a-t-elle ajouté.
Depuis son exil en Inde, Mme Hasina, qui a toujours nié les accusations portées contre elles, a aussitôt dénoncé un jugement "politiquement motivé".
En juillet et août 2024, les manifestations antigouvernementales qui l'ont contrainte à quitter le pays après quinze ans de règne ont fait au moins 1.400 morts, selon l'ONU, pour la plupart des civils.
Dans un pays sous fortes tensions politiques déjà tourné vers les élections législatives prévues dans trois mois, la décision du tribunal, protégé par d'imposants effectifs de policiers, était très attendue.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, "espère" pour sa part que le Bangladesh va aller de l'avant à travers "un processus global de recherche de la vérité, de réparation et de justice afin de parvenir à la réconciliation nationale et à l'apaisement".
Il considère que ce processus devrait inclure "une réforme significative et transformatrice du secteur de la sécurité, respectueuse des normes internationales, pour garantir que ces violations et abus ne se reproduisent plus jamais", et indique se tenir prêt à soutenir le gouvernement et la population.
Il appelle par ailleurs "au calme et demande à tous de faire preuve de retenue".

