La retranscription d'une écoute téléphonique entre Georges Tron et le rebelle congolais Roger Lumbala a été lue lundi devant la cour d'assises de Paris qui juge ce dernier, conversation dans laquelle l'ancien secrétaire d'Etat conseille à son ex-codétenu de "démâter" une association congolaise.
Cet échange a lieu le 18 juillet 2022. Les conversations téléphoniques de Roger Lumbala, alors en détention provisoire à la prison parisienne de la Santé depuis plus d'un an et demi, sont écoutées dans le cadre de l'information judiciaire le visant pour complicité de crimes contre l'humanité en 2002-2003 dans l'est de la République démocratique du Congo.
Georges Tron, qui avait été détenu dans le même quartier des personnes vulnérables de la Santé à la suite de sa condamnation pour le viol d'une collaboratrice, avait été libéré un peu plus de trois mois plus tôt.
"J'ai vu l'association, là, Justice Plus, qui t'embête", dit l'ancien secrétaire d'Etat, selon la retranscription lue devant la cour par Henri Thulliez, l'un des avocats de l'association en question, partie civile au procès de Roger Lumbala.
"Maintenant c'est politique, donc il faut qu'on passe à quelque chose de beaucoup moins juridique. A mon avis, c'est Justice Plus qu'il faut commencer à démâter là-bas", poursuit l'ancien secrétaire d'Etat, selon cette retranscription.
Sollicité par l'AFP, l'avocat de Georges Tron n'a souhaité faire aucun commentaire dans l'immédiat.
Dès le premier jour de son procès le 12 novembre, Roger Lumbala a décidé de ne pas comparaître, déniant à la justice française toute légitimité à le juger.
Aujourd'hui âgé de 67 ans, Roger Lumbala dirigeait alors une faction rebelle armée soutenue par l'Ouganda voisin, le RCD-N, qui avait lancé une offensive contre un groupe pro-gouvernemental.
L'organisation non gouvernementale congolaise Justice Plus, installée dans l'est de la RDC, a recueilli les témoignages de victimes des exactions.
Son action a été mise en cause par la défense de Roger Lumbala selon qui ces témoignages sont "sujets à caution" et devaient "être examinés avec la plus grande circonspection".
Justice Plus a défendu lundi son travail, niant avoir rémunéré des plaignants, les avoir recrutés ou avoir orienté leur témoignage.
Plusieurs représentants des ONG venus à la barre lundi ont évoqué les menaces et les pressions dont ont été l'objet en RDC témoins et victimes présumées.

