Plainte d'une ONG contre TotalEnergies pour "complicité de crimes de guerre" au Mozambique

TotalEnergies est visé par la plainte d'une ONG pour des faits de "complicité de crimes de guerre" au Mozambique, sur le site de son projet gazier en voie d'être relancé après 4 ans de suspension, a appris mardi une journaliste de l'AFP auprès de l'association plaignante.

Le European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) accuse la multinationale "d'avoir directement financé et soutenu matériellement la Joint Task Force (JTF), composée de forces armées mozambicaines, alors que celle-ci aurait détenu, torturé et tué des dizaines de civils" entre juillet et septembre 2021, selon le communiqué de presse de l'ONG allemande.

Ces exactions se seraient produites à l'entrée du site du projet gazier Mozambique LNG, dont TotalEnergies est le premier actionnaire (26,5%) et l'opérateur, et qui était alors en pause après une attaque jihadiste meurtrière en mars-avril 2021 dans la ville voisine de Palma.

La plainte a été déposée lundi auprès du parquet national antiterroriste (Pnat) à Paris, également compétent pour les crimes de guerre, selon la preuve de dépôt consultée par l'AFP.

Elle fait suite à des allégations rapportées par le média Politico en septembre 2024, puis par SourceMaterial et Le Monde, et que TotalEnergies conteste.

A la suite de l'attaque de jihadistes liés au groupe Etat islamique, actifs dans la province du Cabo Delgado depuis 2017, le géant pétrogazier français avait activé la "force majeure" et suspendu son projet, laissant le site sous la protection des forces de l'armée mozambicaines, regroupées dans la Joint Task Force (JTF). Celle-ci avait été créée en 2020 en vertu d'un accord signé entre sa filiale locale Tepma 1 et le gouvernement de Maputo.

Le média Politico rapportait sur la foi de témoignages que des soldats mozambicains travaillant pour le site ont "enlevé, violé et tué des dizaines de civils" fuyant l'insurrection.

Mozambique LNG avait assuré au média n'avoir "jamais reçu d'information indiquant que de tels événements aient effectivement eu lieu".

Le Monde et SourceMaterial avaient ensuite affirmé que TotalEnergies était dès avril 2021 au courant d'accusations de violations des droits humains commises par la JTF sur les populations civiles, selon des rapports sociaux rédigés par les équipes de Mozambique LNG.

"Il apparaît impensable que TotalEnergies puisse opposer son ignorance des crimes de l'armée mozambicaine, mais aussi plus particulièrement des accusations de violations des droits humains visant la Joint Task Force, dès lors que la société les rapporte elle-même dans plusieurs documents internes transmis à ses financeurs publics", affirme à l'AFP Clara Gonzales, directrice du programme entreprises et droits humains à l'ECCHR.

Le géant des hydrocarbures s'est dit prêt le 25 octobre à relancer le projet du consortium Mozambique LNG estimé à 20 milliards de dollars.

nal/ved/eb

TOTALENERGIES

SOURCE GROUP

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