L'ONG Amnesty International a accusé mardi les paramilitaires soudanais de "crimes de guerre" lors de la prise récente de la ville d'El-Facher et dénoncé le "soutien" des Emirats arabes unis dans leur lutte contre l'armée régulière.
Le Soudan est ravagé depuis avril 2023 par une guerre opposant les forces régulières du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) de son ancien bras droit Mohamed Daglo qui ont fait main basse fin octobre sur El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.
Amnesty International a recueilli les témoignages de 28 rescapés décrivant les exactions commises par les FSR à El-Facher, allant des exécutions sommaires d'hommes non armés aux viols de femmes et de jeunes filles.
"Ces violences répétées, massives, contre les civils constituent des crimes de guerre.... et les responsables doivent répondre de leurs actes", a accusé Agnès Callamard, la secrétaire générale d'Amnesty international dans un rapport publié mardi.
"Ces atrocités ont été facilitées par le soutien des Émirats arabes unis aux FSR", dit-elle en appelant la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU à "exiger" que les Emirats "cessent leur soutien".
Les Emirats ont été accusés à nombreuses reprises de fournir des armes, des hommes et du carburant aux paramilitaires ce que la monarchie du Golfe a toujours nié, malgré les preuves alignées par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.
Le rapport d'Amnesty évoque notamment le témoignage d'une survivante d'El-Facher, violée avec sa fille de 14 ans, par des combattants FSR alors qu'elles fuyaient la ville. Sa fille est ensuite "tombée très malade", en arrivant dans la ville refuge de Tawila, où "elle est décédée à la clinique".
"Les FSR tuaient des gens comme s'ils étaient des mouches (...) Aucun de ceux que j'ai vu se faire tuer n'était un soldat armé", a témoigné un autre survivant cité dans le rapport d'Amnesty.
"Les récits des survivants apportent une preuve supplémentaire de l'échec de la communauté internationale au Soudan", y déclare la secrétaire générale de l'organisation.
Depuis le déclenchement de la guerre au printemps 2023, les efforts de médiation n'ont pas permis d'aboutir à un cessez-le-feu, les deux camps menant des offensives meurtrières pour asseoir leurs positions sur le terrain avant toute négociation.
Lundi soir, les paramilitaires ont annoncé une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu qu'elle a jugé "inacceptable", accusant la médiation dite du "Quad" (Etats-Unis, Arabie saoudite, Egypte, Emirats) de partialité car Abou Dhabi en fait partie.

