Un procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a réaffirmé mardi la responsabilité et la "contribution essentielle" de Mahamat Saïd Abdel Kani, ex-commandant rebelle présumé, aux crimes de guerres et crimes contre l'humanité commis par une coalition de groupes armés à l'époque en Centrafrique.
"Il a été déterminé (...) que M. Saïd est responsable de ces graves crimes par sa contribution essentielle à un plan commun avec d'autres membres de haut rang de la coalition Séléka", a affirmé devant la CPI le procureur adjoint Mame Mandiaye Niang.
Selon l'accusation, M. Saïd était un haut commandant de la Séléka, coalition de groupes armés à majorité musulmane en République Centrafricaine.
La Séléka a renversé en 2013 l'ancien président François Bozizé, plongeant alors ce pays dans une guerre civile sanglante de quasiment un an, opposant le groupe rebelle à des milices majoritairement chrétiennes et animistes soutenant le président François Bozizé, les anti-Balaka.
Accusé notamment d'avoir torturé des personnes détenues lors de troubles civils en 2013 alors qu'il était responsable d'un poste de police, M. Saïd fait face à sept chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, commis dans la capitale Bangui, contre des détenus soupçonnés de soutenir M. Bozizé.
"Les victimes de ces crimes ont été prises pour cibles, elles ont été arrêtées de manière arbitraire pour des motifs d'ordre politique, ethnique, religieux, ou basés sur le genre", a continué le procureur adjoint.
Selon les preuves présentées, la majorité des victimes étaient de confession chrétienne et de sexe masculin.
L'accusé a été remis en 2021 par les autorités de Bangui à la CPI sur la base d'un mandat d'arrêt délivré en 2019.
Les violences de ce qui est appelé la troisième guerre civile centrafricaine auraient fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon la CPI.
La cour, qui siège à La Haye, a condamné en juillet les dirigeants de la milice anti-bakala à majorité chrétienne Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom pour de multiples crimes commis pendant la guerre.
M. Yekatom a été condamné à 15 ans de prison, M. Ngaïssona à 12 ans.
Les déclarations de clôture du procès de M. Saïd se tiennent jusqu'à jeudi devant la CPI, qui prononcera ensuite le jugement en temps voulu.

