Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en conflit ouvert depuis plus de deux ans contre les paramilitaires, a appelé mercredi Donald Trump à mettre fin à la guerre au Soudan après avoir toutefois rejeté la dernière offre de trêve des médiateurs menés par Washington.

Les efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu se sont récemment intensifiés, portés par le président américain qui s'est dit "horrifié" par les violences récentes dans ce pays déchiré depuis avril 2003 par une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué selon l'ONU la "pire crise humanitaire au monde".

"Le peuple soudanais se tourne maintenant vers Washington pour la prochaine étape: s'appuyer sur l'honnêteté du président américain et travailler avec nous - et ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix - pour mettre fin à cette guerre", écrit le général Burhane dans une tribune publiée par le Wall Street Journal.

Le chef de l'armée a dit espérer que Donald Trump soit bien "déterminé à s'opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance", sans citer les Emirats arabes unis, qu'il accuse régulièrement de soutenir ses rivaux, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) menées par son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Les Emirats sont soupçonnés de fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, ce que Abou Dhabi nie catégoriquement malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

- "Vers un régime civil"? -

Dimanche, le général Burhane avait jugé "inacceptable" la proposition de trêve, dont les détails n'ont jusqu'à présent pas été divulgués, formulée par le groupe de médiateurs dit du "Quad" (Etats-Unis, Emirats arabes unis, Arabie saoudite et Egypte), la qualifiant de "pire à ce jour", et jugé "partial" ce groupe en raison de la présence des Emirats.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a de son côté affirmé mercredi sur son compte X, à l'issue d'un déplacement à Abou Dhabi, que la trêve constituait "une étape cruciale vers un dialogue soutenu" et "une transition vers un régime civil".

Mardi, lors d'un point de presse conjoint aux côtés du conseiller du président émirati, Anwar Gargash, M. Boulos avait exhorté les belligérants à accepter "sans conditions préalables" cette proposition.

Dans sa tribune, M. Burhane n'a pas directement commenté cet appel, affirmant qu'il faudrait faire un choix "entre un Etat souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire", en référence aux FSR.

Amnesty International a accusé mardi les FSR de "crimes de guerre" lors de la prise fin octobre de la ville d'El-Facher, au Darfour (ouest). Des rescapés ont fait état auprès de l'ONG d'exactions commises par les paramilitaires allant des exécutions sommaires d'hommes non armés aux viols de femmes et de jeunes filles.

La veille de la publication de ce rapport, le chef des FSR a annoncé une trêve humanitaire de trois mois "en réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs".

L'armée a cependant accusé mardi les paramilitaires d'avoir lancé un "assaut" contre la base d'infanterie dans la ville assiégée de Babanusa, au Kordofan, région voisine du Darfour. L'armée a affirmé avoir détruit ou saisi plusieurs véhicules des FSR, tué plusieurs de ses responsables de terrain ainsi que "des centaines de mercenaires".

L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier ces allégations dans l'immédiat, les communications étant coupées depuis des mois dans la vaste région du Kordofan.

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.

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