L'ex-Première ministre du Bangladesh en exil Sheikh Hasina, déjà reconnue coupable d'avoir ordonné la répression des émeutes de l'été 2024, a été accusée dimanche par une commission d'enquête d'avoir orchestré une sanglante mutinerie en 2009, avec le concours de l'Inde.
La mutinerie avait éclaté les 25 et 26 février 2009 au sein des Bangladesh Rifles, une unité chargée de la surveillance des frontières, quelques semaines après l'entrée en fonction du gouvernement de Mme Hasina.
Les mutins avaient volé 2.500 armes avant de faire irruption dans une réunion annuelle de hauts responsables de cette unité et de les abattre. Au moins 57 officiers avaient été tués et leurs corps mutilés jetés dans les égouts ou des fosses communes.
Au total, 74 personnes avaient été tuées par les mutins, la plupart dans des conditions atroces : torturées, dépecées ou encore brûlées vivantes.
Selon le rapport rendu dimanche par une commission d'enquête, mise sur pied par le gouvernement intérimaire de Muhammad Yunus, Mme Hasina est directement impliquée dans la mutinerie.
L'ancien parlementaire Fazle Noor Taposh a agi comme le "principal coordinateur" sur ordre de Mme Hasina qui a donné son feu vert au massacre, a indiqué le service de presse du gouvernement, citant le chef de la commission, A.L.M. Fazlur Rahman.
"L'implication d'une force étrangère apparaît fortement évidente à la lumière de l'enquête", a ajouté un communiqué.
M. Rahman a ensuite nommément accusé l'Inde d'avoir tenté alors de déstabiliser son pays et d'affaiblir l'armée du Bangladesh", lors d'un point presse.
"Un complot couvait depuis longtemps pour affaiblir l'armée du Bangladesh", a-t-il déclaré.
L'Inde, pays soutien de Mme Hasina qui s'y est réfugiée, n'a pas immédiatement réagi à ces accusations.
M. Yunus a salué le rapport de la commission, en déclarant que le Bangladesh était resté longtemps sans comprendre les raisons du massacre de 2009: "Avec le rapport de la commission, la vérité est enfin révélée", a-t-il dit.
Une enquête avait bien eu lieu sur la mutinerie mais du temps de Mme Hasina et elle l'avait mis sur le compte d'années de frustration et de colère de la part des soldats, qui réclamaient en vain des hausses de salaires et une amélioration de leurs conditions de vie.
Pour l'opposition toutefois, Mme Hasina était impliquée dans une conspiration pour orchestrer la mutinerie dans le but d'affaiblir l'armée et de conforter son propre pouvoir.

