Soudan: Amnesty accuse les paramilitaires de "crimes de guerre" à Zamzam

Amnesty International a accusé mercredi les paramilitaires soudanais d'avoir commis des "crimes de guerre" lors d'une attaque de grande envergure en avril sur le camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour-Nord, dont ont fui plus de 400.000 civils.

Ce camp abritait jusqu'à un million de personnes avant l'assaut au printemps des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée depuis avril 2023.

"Les FSR ont délibérément tué des civils, les ont pris en otages, ont pillé et détruit des mosquées, des écoles et des cliniques médicales", a écrit l'ONG dans son rapport qui s'appuie sur le témoignage de 29 survivants.

"Ces violations doivent faire l'objet d'une enquête en tant que crimes de guerre en vertu du droit international".

Selon l'ONG, les FSR ont utilisé des explosifs et tiré sur les civils dans des zones densément peuplées, entre le 11 et le 13 avril.

Environ 400.000 civils ont fui le camp, le laissant"presque vide" quelques jours après sa prise, selon l'ONU.

L'attaque de Zamzam "a une fois de plus révélé au grand jour le mépris alarmant des FSR pour la vie humaine", a accusé Agnès Callamard, la secrétaire générale d'Amnesty International.

Les FSR avaient pour leur part à l'époque démenti avoir ciblé des civils à Zamzam.

Des images satellites analysées par Amnesty ont montré de nombreux cratères dans des quartiers d'habitations du camp, compatibles avec des bombardements intensifs.

Le rapport d'Amnesty rapporte le témoignage d'Alwya, une étudiante de 28 ans, qui a vu son cousin se faire tuer. "Ils nous ont dit que si l'un de nous essayait de l'aider, ils nous tueraient."

Egalement citée par le rapport, Sadya, volontaire au sein d'une ONG avant l'attaque, se souvient avoir vu un combattant des FSR "debout sur un toit, tirant en l'air, tirant sur n'importe qui dans la rue".

Le camp de Zamzam fait partie des trois grands camps touchés par la famine situés en périphérie d'El-Facher, capitale du Darfour-Nord, prise fin octobre par les FSR.

Beaucoup des civils ont fui cette ville, trouvant refuge dans la localité de Tawila, à 70 km, où s'entassent désormais plus de 650.000 déplacés.

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué plusieurs dizaines de milliers de personnes, fait des millions de déplacés et plongé le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire."

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