CPI: première comparution d'un Libyen soupçonné de crimes de guerre

Un directeur de prison libyen, accusé d'avoir supervisé des meurtres, des viols et des actes de torture sur des détenus, a comparu mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Khaled Mohamed Ali El Hishri, 47 ans, est accusé de six chefs de crimes de guerre et de six crimes contre l'humanité, notamment de torture, de meurtre, de viol, de violences sexuelles et de persécution, entre février 2015 et début 2020.

La Cour pénale internationale (CPI), qui juge les individus pour les crimes les plus graves au monde, estime qu'il existe des "motifs raisonnables" de croire qu'il a personnellement tué un détenu dans la prison de Mitiga, près de Tripoli, qu'il dirigeait d'une main de fer.

Un "nombre important" de personnes sont mortes pendant la période où El Hishri était en poste, a déclaré la cour.

Elles sont notamment décédées des suites de tortures, de froid, après avoir été laissées à l'extérieur en hiver, de blessures non soignées, ou de faim, a déclaré la cour.

Dans son mandat d'arrêt, la juridiction estime qu'au moins cinq détenus, dont un garçon de 15 ans, ont été violés par des gardiens ou d'autres prisonniers. Des femmes détenues ont également subi des violences sexuelles, est-il écrit.

El Hishri est accusé d'avoir participé à des actes de torture, de mauvais traitements, des agressions sexuelles et des meurtres de détenus, et "exerçait son autorité sur tout le personnel et les détenus de la prison de Mitiga".

Il "imposait des conditions de détention visant à aggraver les souffrances des détenus", d'après le mandat d'arrêt de la cour, selon laquelle "plusieurs milliers" de personnes étaient incarcérées dans cet établissement.

Des détenus étaient torturés dès leur arrivée et régulièrement durant leur détention.

Le tribunal a indiqué qu'ils étaient battus avec des tuyaux en plastique, des matraques, des câbles électriques et à coups de poing. Des détenus ont été blessés par balle, ou enfermés dans de touts petits espaces.

Les passages à tabac étaient monnaie courante dans cette prison, "parfois pour le divertissement des gardiens", a déclaré la cour.

Après son interpellation en Allemagne cet été, El Hishri a été incarcéré lundi par la CPI.

La cour tiendra le 19 mai 2026 une audience consacrée à l'évaluation des charges pesant contre lui, ce qui pourrait ensuite mener à un procès.

La défense a demandé la libération provisoire d'El Hishri.

Invité à prendre la parole, il a lui-même déclaré n'avoir aucune observation à formuler. "Je demande simplement ma libération", a-t-il dit.

El Hishri est le premier suspect à comparaître devant la CPI dans le cadre de son enquête sur la Libye, ouverte en 2011.

Riche en pétrole, ce pays continue de faire face aux conséquences du conflit armé et du chaos politique qui ont suivi le soulèvement soutenu par l'OTAN, qui a renversé en 2011 le dictateur de longue date Mouammar Kadhafi.

Le pays reste divisé entre un gouvernement reconnu par les Nations Unies à l'ouest et son rival à l'est, soutenu par le commandant militaire Khalifa Haftar.

La CPI recherche également Osama Almasri Najim, chef de la police judiciaire libyenne, pour des faits présumés commis dans la même prison de Mitiga.

Arrêté en Italie, Najim a ensuite été libéré et renvoyé en Libye, provoquant une vive polémique en Italie et la consternation à La Haye, où siège la CPI.

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