Soudan du Sud: des experts de l'ONU accusent l'Ouganda de violer l'embargo sur les armes

L'Ouganda, en déployant des troupes au Soudan du Sud pour soutenir le gouvernement, a violé l'embargo sur les armes des Nations unies, estiment des experts de l'ONU dans un rapport publié mercredi.

Des combats localisés entre l'armée sud-soudanaise et des milices favorables à l'ancien vice-président Riek Machar, rival politique du président Salva Kiir, se sont intensifiés en mars. L'inculpation le 11 septembre de M. Machar pour "crimes contre l'humanité" alimente les craintes d'une nouvelle guerre civile.

Dans le rapport daté de fin novembre, les experts chargés par le Conseil de sécurité de surveiller les sanctions contre le Soudan du Sud, indiquent avoir reçu confirmation de la part de Kampala du déploiement en mars de soldats des forces armées ougandaises (FDPO), à la demande de Salva Kiir.

Et depuis ce déploiement initial, ils disent avoir pu confirmer "l'arrivée de personnel et d'équipements militaires supplémentaires et l'expansion de la présence des FDPO", principalement stationnées à quelques kilomètres de la capitale.

Juba a "pu compter sur le soutien continu des forces ougandaises, dont les troupes, les chars et les véhicules blindés sont sur le territoire sud-soudanais depuis mars 2025, en violation de l'embargo sur les armes" mis en place par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2018, selon le rapport.

Les experts indiquent également que l'Ouganda a confirmé avoir déployé trois hélicoptères militaires, ce qui constitue également une "violation probable de l'embargo sur les armes".

Le rapport décrit une évolution plus générale du conflit dans le plus jeune pays du monde.

"Des années de négligence ont fragmenté tant les forces du gouvernement que celles de l'opposition, donnant lieu à un ensemble composite de soldats en uniforme, de transfuges et de groupes armés de défense locaux qui sont de plus en plus absorbés par les luttes locales", estiment les experts.

"Le moral en berne et en manque de provisions, les Forces sud-soudanaises de défense du peuple s'en sont remis de plus en plus à des bombardements aériens relativement aveugles", ajoutent-ils.

La multiplication des bombardements par avion ou hélicoptère "marque une rupture avec les tactiques et les capacités antérieures" des forces armées sud-soudanaises, poursuivent-ils.

En mai, le Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant la fin immédiate des combats, s'était notamment inquiété des informations faisant état de l'utilisation sans discrimination de barils explosifs.

Devenu indépendant du Soudan il y a quatorze ans, le Soudan du Sud a connu une guerre civile sanglante entre 2013 et 2018, qui a fait au moins 400.000 morts.

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