Le procès d'un ex-membre d'escadrons de la mort en Gambie s'ouvrira le 15 janvier, lors duquel il répondra d'accusations de meurtres notamment celui fin 2004 du correspondant de l'AFP sous le règne de terreur du dictateur Yahya Jammeh renversé en 2017.
Sanna Manjang a été arrêté fin novembre au Sénégal lors d'une opération conjointe entre forces de sécurité sénégalaises et gambienne, avant d'être transféré en Gambie où il est maintenu en détention.
Il est accusé par la justice gambienne du meurtre de trois personnes, dont Deyda Hydara qui était depuis 30 ans le correspondant de l'AFP en Gambie lorsqu'il est tombé sous les balles de tueurs à Banjul, le 16 décembre 2004.
M. Manjang est apparu calme jeudi, vêtu des mêmes vêtements qu'il portait le jour de son arrestation, lors de sa comparution devant le tribunal qui a fixé son procès au 15 janvier et a rejeté sa demande de mise en liberté sous caution.
Selon les autorités gambiennes, Sanna Manjang est un ancien membre des "Junglers" ("broussards"), un groupe paramilitaire chargé d'intimider ou d'éliminer toute forme d'opposition au dictateur Yahya Jammeh durant ses deux décennies de règne sur la Gambie.
Son nom a été cité dans les conclusions de la commission "Vérité, Réconciliation et Réparations" (TRRC) "pour son rôle central dans les tortures, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires perpétrées par les Junglers", selon le gouvernement gambien.
M. Manjang était considéré comme un des Junglers les "plus redoutés" en raison de sa brutalité.
L'Etat pourra déposer d'autres chefs d'accusations d'ici la date du procès.
Agé d'une soixantaine d'années et père de quatre enfants, Deyda Hydara travaillait pour l'AFP depuis 1974, d'abord comme traducteur, puis comme journaliste.
Cofondateur du journal privé The Point, il était souvent critique du pouvoir, de la corruption des élites et des atteintes à la liberté de la presse.
Le dictateur Yahya Jammeh a dirigé d'une main de fer de 1994 à 2017 ce petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal à l'exception de sa façade maritime.
Il vit en Guinée équatoriale depuis son départ contraint en janvier 2017, sous la pression des Etats ouest-africains après sa défaite à la présidentielle contre Adama Barrow, réélu fin 2021 et candidat pour un nouveau mandat en 2026.

