L'organisation Human Rights Watch réclame que les milices des ex-chefs de guerre afghans soient démantelées et traduites en justice après de nouvelles tueries dues aux combattants du vice-président Abdul Rashid Dostum, dans le nord du pays.
Selon l'organisation de défense des droits humains, citant la Mission d'assistance de l'ONU à l'Afghanistan (Unama), les miliciens Junbish de Dostum ont fait le 26 juin au moins 13 morts et 32 blessés parmi les civils pachtounes lors d'une opération anti-taliban menée avec l'armée régulière.
D'après les témoignages recueillis par HRW, les miliciens sont ensuite entrés dans quatre villages évacués par les talibans et ont tiré sur les villageois qu'ils ont accusés de soutenir les insurgés islamistes, faisant alors cinq morts et 12 blessés.
Ils ont également sommés les civils de leur livrer argent et nourriture.
HRW rappelle que Dostum, un ancien chef de guerre ouzbèke, n'a jamais été poursuivi pour crimes de guerre alors qu'il est notamment accusé de la mort de plusieurs centaines de prisonniers talibans en 2001.
"Les tueries de Faryab sont les dernières en date d'une longue série d'atrocités commises par les forces de Dostum", indique Patricia Gossman, responsable de l'Afghanistan à Human Rights Watch, dans le communiqué. "Le fait que ces forces et que le vice-président Dostum lui-même n'aient jamais eus à s'expliquer mine la sécurité dans le nord de l'Afghanistan", estime-t-elle.
Dostum a été élu vice-président lors du scrutin de 2014 qui a abouti à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Fin 2015, alors que les talibans gagnaient du terrain face aux forces régulières, il a annoncé la relance de sa milice pour contrer l'insurrection dans les provinces de Faryab et Sar-e Pul (nord).
Human Rights Watch avait documenté des tueries contre les Pachtounes dans ces mêmes villages en 2001 mais aucun milicien n'a été poursuivi pour ces crimes.
"Ces milices auraient dû être démantelées depuis longtemps" insiste Patricia Gossman qui rappelle la promesse électorale du président Ashraf Ghani de les désarmer et de les écarter des forces de sécurité.
Mais face à la pression de l'insurrection islamiste, le gouvernement compte de fait sur ces milices au passé criminel pour appuyer les forces régulières, même si elles menacent d'accentuer encore les clivages entre factions et d'entretenir ainsi le conflit afghan en cours depuis près de 40 ans.