Roumanie: l'ex-patron de la Securitate sera jugé pour la mort d'un dissident

Quatre anciens responsables communistes roumains, dont le dernier chef de la redoutable police politique, la Securitate, seront jugés pour "crime contre l'humanité", dans un dossier concernant la mort sous la torture en 1985 d'un dissident emprisonné, a annoncé lundi le parquet.

Tudor Postelnicu, 84 ans, patron de la Securitate jusqu'à la chute du régime communiste fin 1989, et l'ancien ministre de l'Intérieur George Homostean, 92 ans, devront répondre avec deux officiers de la mort sous la torture de l'intellectuel Gheorghe Ursu dans une prison de Bucarest.

"Le +procès du communisme+, destiné à faire la lumière sur la période du totalitarisme et notamment sur les enquêtes visant des opposants au régime, franchit un pas important avec le renvoi en justice du dossier concernant l'affaire Ursu", a indiqué le parquet dans un communiqué.

Ingénieur et poète, Gheorghe Ursu avait été arrêté en septembre 1985 après avoir critiqué le régime communiste dans son journal intime.

Il était mort moins de deux mois plus tard dans la maison d'arrêt de la milice de Bucarest, après avoir été frappé et torturé des jours durant par des enquêteurs et par des codétenus, sur ordre de la Securitate.

Les deux anciens officiers de la Securitate doivent répondre d'"actions répressives, avec actes de violence physique et psychique" à l'encontre du dissident.

MM. Postelnicu et Homostean sont pour leur part accusés d'avoir "autorisé" ces agissements et "caché les causes réelles du décès", selon la même source.

En 2003, deux enquêteurs de la Securitate avaient été condamnés à 20 ans de prison pour meurtre. Dans un procès séparé, un des codétenus de la victime avait écopé d'une peine similaire.

Le fils de l'ancien dissident n'avait toutefois cessé de réclamer que les "commanditaires" soient également punis. Plusieurs de ses plaintes avaient été rejetées par le parquet, les procureurs invoquant notamment la prescription des faits.

Retenu pour la première fois dans ce dossier, le chef d'accusation de "crime contre l'humanité" qui permet d'éviter la prescription a déjà été utilisé ces dernières années contre deux anciens commandants de prisons.

L'un d'entre eux, Ioan Ficior, condamné à 20 ans de prison en mars, avait commandé entre 1958 et 1963 l'ancien camp de travail de Periprava (sud-est), où au moins 124 détenus ont trouvé la mort, selon l'Institut roumain de recherche sur les crimes du communisme.

Lundi, cet institut a annoncé avoir mis au jour neuf nouvelles tombes anonymes sur ce site. Les ossements feront l'objet de test ADN, a-t-il précisé.

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