Le président de la Polynésie française Edouard Fritch a estimé mardi, lors d'un point presse à Papeete, que la plainte pour crimes contre l'humanité que souhaite déposer contre la France l'Eglise Protestante Maohi à la suite des essais nucléaires dans le Pacifique était une "démarche vaine et sans issue".
Dimanche, cette Eglise, qui rassemble les protestants de Polynésie française, avait annoncé qu'elle attaquerait l'Etat français pour "crimes contre l'humanité" en raison des 193 essais nucléaires réalisés sur les atolls de Moruroa et Fangataufa entre 1966 et 1996. L'Eglise compte déposer cette plainte devant la Cour Pénale Internationale et devant les Nations-Unies.
"A mon sens, si on veut obtenir une réelle indemnisation de l'Etat, il vaut mieux dialoguer avec cet Etat plutôt que d'aller chercher la protection d'organisations internationales qui n'ont aucun pouvoir" a déclaré Edouard Fritch devant la presse locale.
Il a toutefois soutenu le combat des patients qui tentent d'obtenir des indemnisations de l'Etat après avoir contracté des maladies radio-induites.
Mais pour Edouard Fritch, "qualifier les actes de l'Etat français de crime contre l'humanité est une expression très grave". Il a rappelé que François Hollande avait reconnu, lors de sa visite en Polynésie en février dernier, "les conséquences sanitaires, environnementales et sociales des essais nucléaires : personne ne l'avait fait avant" a-t-il souligné.
"L'outrance est toujours mauvaise conseillère" avait réagi l'Etat lundi, par la voix du haut-commissaire de la République en Polynésie française, René Bidal. Il avait estimé qu'une telle plainte "manquerait de fondement".
Le leader indépendantiste Oscar Temaru la juge au contraire justifiée. Il se dit prêt à mobiliser les petits Etats insulaires du Pacifique pour la porter devant les Nations-Unies.