Syrie : la Russie prête à discuter d'un allongement de la pause humanitaire à Alep (ONU)

La Russie est prête à discuter d'un allongement de la "pause humanitaire" de trois heures qu'elle a proposée dans la ville syrienne d'Alep, a annoncé jeudi l'ONU, qui réclame de son côté une trêve de 48 heures pour acheminer de l'aide.

L'armée russe a annoncé mercredi la suspension de ses frappes militaires chaque jour de 07H00 à 10H00 GMT "afin de garantir l'entière sécurité des colonnes (de véhicules) entrant dans Alep", où quelque 1,5 million de personnes sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes.

Mais pour l'ONU cette proposition "unilatérale" de Moscou ne peut pas permettre l'acheminement de convois d'aide.

"Trois heures, ce n'est pas suffisant. Les Russes ont dit qu'ils nous avaient entendus et qu'ils étaient prêts à discuter afin de voir comment améliorer leur proposition d'origine", a dit Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, au cours d'un point de presse à Genève.

Il faisait référence à la réunion que tient chaque jeudi le groupe de travail sur l'aide humanitaire de l'ONU à la Syrie, coprésidé par les Russes et les Américains.

"Nous avons clairement exprimé notre point de vue, ils (les Russes) ont fait part de leur volonté de discuter, nous devons voir ce qui en sortira", a ajouté M. De Mistura.

La Russie, alliée du président syrien Bachar al-Assad, apporte un soutien aérien aux troupes loyalistes qui tentent de s'emparer des quartiers est d'Alep, contrôlés par les rebelles anti-Assad.

Selon le correspondant de l'AFP à Alep, une baisse d'intensité des combats a été constatée jeudi vers 10h00 (07h00 GMT), mais les affrontements n'ont pas cessé et aucun ravitaillement n'est entré dans la ville.

Jan Egeland, qui dirige le groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire en Syrie, a rappelé que les habitants d'Alep souffraient de coupures d'électricité et n'avaient plus d'eau courante depuis plusieurs jours.

"Maintenant, ils dépendent dans une large mesure de la même voie d'accès, qui est la route du Castello", a-t-il déclaré. Cette route, principal axe de ravitaillement des rebelles, est contrôlée depuis le 17 juillet par l'armée régulière syrienne.

"La route est détruite, elle est minée, il y a tellement de dangers et la logistique est si énorme que nous aurions besoin chaque semaine de 48 heures" de pause dans les combats, a expliqué M. Egeland.

La bataille d'Alep, la plus importante depuis le début du conflit en Syrie en 2011, est cruciale pour le régime comme pour les rebelles. Les deux adversaires ont massé des troupes et tentent de s'emparer de cette deuxième ville du pays.

Malgré la recrudescence des combats, M. De Mistura continue à faire preuve d'optimisme sur la reprise des pourparlers sur la paix en Syrie à la fin août à Genève. "Nous avons besoin d'un objectif dans le temps et c'est toujours autour de la fin du mois d'août", a-t-il répété.

Trois sessions de discussions ont déjà eu lieu depuis le début de l'année, sans produire de résultats.

Mais l'envoyé spécial de l'ONU reste persuadé qu'"aucune solution militaire durable n'est possible à Alep ou n'importe où ailleurs en Syrie".

Interrogé sur une possible attaque chimique mercredi dans un quartier d'Alep, M. De Mistura a dit que "ce n'était pas réellement à (lui) de dire si ça s'est effectivement passé et qui pourrait en être les auteurs, même s'il y a beaucoup de preuves tendant à démontrer que cela s'est bien passé".

"Si cela a eu lieu, ce serait un crime de guerre", a-t-il dit.

Selon certaines informations, cette attaque chimique présumée aurait fait quatre morts et des dizaines de blessés.

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