Pays-Bas: enquête après des menaces contre une avocate pour les droits des Palestiens

Le ministère public néerlandais mène une enquête sur des menaces de mort reçues par une avocate qui fournit des informations concernant d'éventuels crimes de guerre commis par des Israéliens à l'encontre des Palestiniens, ont indiqué jeudi les autorités.

Les intimidations subies par Nada Kiswanson, la représentante de l'organisation palestinienne Al-Haq auprès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, sont prises "très au sérieux" par le ministère public néerlandais, a confirmé celui-ci à l'AFP.

Elle fait désormais l'objet de mesures de protection supplémentaires tandis que les enquêteurs "se penchent sur plusieurs scénarios", a précisé le ministère public.

La jeune femme, de nationalité jordanienne et suédoise d'après les médias néerlandais, "a reçu des appels menaçants à domicile" à La Haye ainsi que des "fleurs accompagnées d'un message intimidant", a-t-elle rapporté au quotidien néerlandais de référence NRC.

C'est vraisemblablement la première fois qu'une personne travaillant avec cette juridiction fait l'objet de telles menaces.

La Cour a ouvert un examen préliminaire, étape préalable à une enquête, sur des crimes éventuels de la part des deux camps sur le territoire palestinien.

L'Autorité palestinienne avait suscité la controverse en devenant officiellement membre de la CPI en janvier 2015. Une délégation avait remis à la procureure lors d'une visite à la Cour l'année dernière un dossier sur des "exécutions extrajudiciaires" durant la guerre de Gaza de 2014.

Israël, qui n'a pas adhéré au statut de Rome, fondateur de la CPI, s'est opposé avec force à la tentative palestinienne de lancer une investigation complète sur tout crime de guerre.

La CPI, qui prend les menaces envers Nada Kiswanson au sérieux, collabore avec les autorités néerlandaises.

"Personne ne devrait faire l'objet de pressions ou de menaces pour fournir des informations en soutien aux activités judiciaires de la Cour", a déclaré à l'AFP le porte-parole Fadi El Abdallah, saluant le rôle déterminant de la société civile auprès de la CPI.

Pour Amnesty International, ces "menaces de mort et intimidation permanentes" sont "totalement inacceptables et l'empêchent de travailler", a indiqué un communiqué.

D'après l'organisation non-gouvernementale "Coalition pour la CPI", Mme Kiswanson a "rendu cette affaire publique à contre-coeur" après avoir subi ces intimidations pendant des mois.

"A travers le monde entier, il y a aujourd'hui un nombre croissant d'attaques contre des défenseurs des droits de l'Homme. Ceux qui luttent pour que justice soit faite pour toutes les victimes de génocides, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, sont essentiels à la cause de la défense des droits de l'Homme", a déclaré le coordinateur de la Coalition pour la CPI William Pace.

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