La Turquie a donné jeudi un clair signe d'apaisement des tensions avec l'Allemagne en levant l'interdiction faite aux députés allemands de se rendre sur la base militaire allemande d'Incirlik, instaurée après l'adoption d'une résolution parlementaire sur le génocide arménien.
"Je me réjouis que le gouvernement turc ait autorisé les visites prévues par la commission de la Défense du Bundestag", la chambre basse du parlement allemand, a déclaré le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, après trois mois de tensions consécutives à la reconnaissance par le Bundestag du génocide arménien, qui avait ulcéré la Turquie.
"Avec cette décision du gouvernement turc, nous avançons d'un pas", a ajouté le chef de la diplomatie allemande, dont les sujets de tensions avec Ankara, partenaire clé de l'Union européenne dans la gestion de la crise migratoire, restent cependant nombreux.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, avait laissé entrevoir une détente des relations avec Berlin mercredi à condition que l'Allemagne "continue à se comporter comme aujourd'hui" et ne s'avise pas "de mal traiter la Turquie".
L'autorisation faite aux députés allemands d'aller à Incirlik suit de quelques jours la prise de distance du gouvernement allemand avec la résolution adoptée le 2 juin par le Bundestag, qualifiant de "génocide" les massacres d'Arméniens commis en 1915 sous l'Empire ottoman.
En représailles, la Turquie avait interdit aux parlementaires allemands l'accès à Incirlik, dans le sud du pays, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre EI.
Mais vendredi dernier, M. Steinmeier puis la chancelière Angela Merkel ont tour à tour souligné que la résolution du Bundestag n'avait aucun caractère contraignant, des déclarations largement interprétées par la presse comme une tentative d'amadouer Ankara.
Un nouveau différend germano-turc a cependant émergé lundi soir avec la confiscation, par les autorités turques, d'une interview tournée par la radio-télévision allemande Deutsche Welle avec le ministre des Sports, Akif Cagatay Kilic.
"La liberté de la presse est pour nous un bien précieux, et je dois dire non négociable", a déclaré mercredi le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, déplorant l'incident face à la presse.
Dans le dossier migratoire, sur lequel Angela Merkel a concentré ses efforts diplomatiques depuis un an, la Turquie menace de rompre l'accord avec l'UE qui a jugulé l'afflux de réfugiés vers l'Europe si ses citoyens ne sont pas exemptés de visas Schengen. Or Ankara refuse de mettre en oeuvre certaines conditions posées par les Européens pour bénéficier de cette exemption.

