Accusé d'avoir ordonné la torture et l'assassinat de prisonniers, Dragan Vasiljkovic, devenu professeur de golf en Australie, répondra en justice à partir de mardi des exactions de son unité de paramilitaires serbes durant le conflit des années 1990.
Né à Belgrade, Vasiljkovic, alias "capitaine Dragan", a été retrouvé en Australie. Il officiait, sous le nom de Daniel Snedden, comme professeur de golf.
Arrêté une première fois en 2006, il a été extradé par Canberra en juillet 2015 et doit être jugé à Split, sur la côte dalmate.
Ce procès devrait durer plusieurs semaines non loin du lieu des exactions reprochées à sa section, chargée d'"opérations spéciales" au sein des forces paramilitaires serbes, dans le centre et le sud de la Croatie.
Celle-ci avait déclaré son indépendance en 1991, entraînant l'intervention de forces serbes soutenues par Belgrade. Vingt mille personnes sont mortes dans ce conflit.
"Capitaine Dragan", 61 ans, qui plaide non coupable, est notamment accusé d'avoir ordonné, en 1993, la torture et les assassinats de deux soldats croates prisonniers dans le village de Bruska (sud).
Il a aussi été inculpé en janvier pour la torture de civils et de policiers croates à Knin (sud), alors bastion des forces indépendantistes serbes. Des prisonniers battus "à mains nues et à coups de pied, avec des nerfs de boeufs", ou à qui ont été enfoncés "des pistolets dans la bouche", selon l'accusation.
En tant que commandant d'une unité paramilitaire, il n'a "rien fait pour éviter ou punir de tels crimes" en 1991, et y a même parfois participé, selon le procureur.
Pour le parquet, "Capitaine Dragan" est le chef d'orchestre d'une attaque meurtrière à Glina (centre) en juillet 1991, au cours de laquelle un civil croate et un journaliste allemand avaient été tués. Il aurait ordonné de tirer "sur des habitations civiles depuis des chars, par mortiers, depuis des véhicules blindés, avec des snipers". Il est aussi soupçonné d'avoir demandé de tirer sur "une église et une école de Gornji Vidusevac".
Velibor Bracic, un ancien soldat croate détenu trois mois à Knin, a raconté que "Capitaine Dragan" avait dit à ses subordonnés: "'Si vous voulez le battre voilà comment s'y prendre', et ensuite il m'a frappé au visage de son pied et je suis tombé".
La Croatie a obtenu l'extradition de Vasiljkovic au lendemain d'une première arrestation en 2006. Après les guerres des Balkans, il est retourné vivre en Serbie avant d'émigrer en Australie.
Vasiljkovic dément avoir commis des crimes de guerre, mais a reconnu dans la presse avoir entraîné des recrues, tué des ennemis au combat et mené des interrogatoires.