Espagne: un juge demande que le chef du Polisario soit entendu par la police

Un juge espagnol a convoqué samedi le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, dans le cadre d'une enquête ouverte après une plainte pour des assassinats et des tortures, espérant profiter d'un déplacement de M. Ghali en Espagne, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Dans une ordonnance rendue mardi, le magistrat demande à la police d'entendre Brahim Ghali le 19 novembre dans les dépendances de l'Audience nationale, juridiction spécialisée dans les affaires politiques et financières qui siège à Madrid.

Il précise avoir rouvert l'enquête préliminaire, qui avait été classée en raison des difficultés d'identification des 28 personnes, dont M. Ghali, visées dans la plainte de l'Association sahraoui pour la défense des droits de l'Homme (Asadedh).

L'association y dénonce des "assassinats", des "tortures", des "disparitions", des "détentions arbitraires" et des "actes de terrorisme", qui ont selon elle été commis par le Front Polisario dans un camp de réfugiés du Sahara occidental dans les années 1970 et 1980.

Le Sahara occidental est contrôlé par le Maroc, qui l'a annexé en 1975, mais le territoire est revendiqué par les indépendantistes du Polisario, soutenus par l'Algérie. Après 16 années de guerre un cessez-le-feu entre les deux parties est entré en vigueur en 1991, mais l'organisation d'un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU est, depuis, constamment retardée.

M. Ghali, secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, proclamée par le Polisario), devait se rendre en Espagne à partir de jeudi et jusqu'à samedi pour participer à une conférence internationale de soutien au peuple sahraoui, organisée à Barcelone.

Mais finalement M. Ghali, dont l'arrestation n'a pas été demandée, a annulé son déplacement en Espagne, a indiqué mercredi à l'AFP un porte-parole de CEAS-Sahara (Coordination d'associations solidaires avec le Sahara), co-organisatrice de la rencontre.

"Il collaborera (avec la justice) lorsqu'on lui enverra la convocation en bonne et due forme", a assuré ce porte-parole.

La plainte porte sur des faits commis entre 1974 et 1988, et concerne des détentions arbitraires et "plusieurs dizaines d'assassinats" dans le camp de réfugiés de Tindouf en Algérie, contrôlé par le Polisario, a déclaré à l'AFP le président de l'Asadedh, Ramdan Mesaud Larbi.

Le porte-parole de la CEAS-Sahara a pour sa part souligné que la justice espagnole poursuit par ailleurs, dans un autre dossier, 11 hauts fonctionnaires et militaires marocains pour des faits de "génocide" qui auraient été commis au Sahara occidental entre 1975 et 1991.

Justice Info est sur WhatsApp
Découvrez notre première Chaîne WhatsApp et recevez, en temps réel, une notification pour chaque publication mise en ligne sur notre site, avec un résumé et des extraits ou citations. Chaque soir, vous aurez accès à notre revue des dépêches AFP du jour. Chaque fin de semaine, un récapitulatif de nos publications.