L'Assemblée a adopté jeudi une résolution LR appelant à la reconnaissance du "génocide" commis par l'Etat islamique en Irak et en Syrie à l'encontre des minorités religieuses mais qui ne dit pas un mot des "crimes contre l'humanité" du régime syrien, ont déploré les députés PS et le gouvernement.
La résolution, présentée par 70 députés LR, invite le gouvernement "à saisir le Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies en vue de reconnaître le génocide perpétré par Daech contre les populations chrétiennes, yézidies et d'autres minorités religieuses en Syrie et en Irak et de donner compétence à la Cour Pénale Internationale en vue de poursuivre les criminels".
"Ces violences, exercées principalement à l'encontre de populations civiles, réunissent la plupart des critères définissant le génocide, tels que figurant dans la Convention de 1948 sur le génocide : tueries de masse et autres actes visant à détruire un groupe humain particulier en fonction de critères ethniques, religieux ou raciaux", selon l'un des auteurs de cette résolution, Yves Fromion (LR).
Guillaume Chevrollier (LR), qui avait participé avec M. Fromion à un déplacement en Syrie en avril déploré par le Quai d'Orsay, a estimé que la France "avait un devoir historique" de protection des chrétiens d'Orient "depuis Saint Louis".
La résolution a été soutenue par l'UDI comme le Front de gauche.
Le groupe PS s'est abstenu, déplorant par la voix de la présidente de la commission des Affaires étrangères Elisabeth Guigou que ce texte "n'ait pas un seul mot pour les centaines de milliers de victimes du régime syrien" ni pour la situation à Alep.
"Comment oublier les bombardements à coup de barils d'explosifs, les attaques à l'arme chimique, le recours systématique à la torture du régime syrien (...) Ce n'est pas rendre service à la protection de ces minorités que de faire le tri entre les victimes", a-t-elle jugé.
Mme Guigou a déploré qu'à l'inverse d'une résolution votée à l'unanimité mardi au Sénat, le groupe LR n'ait pas cherché à associer tous les groupes politiques à la rédaction ce texte, ni rappelé les démarches de la France dans la protection des minorités religieuses.
Même regret de la part du secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, Matthias Fekl.
"Notre indignation ne peut être sélective (...) Depuis plus de 5 ans, le régime de Damas commet lui aussi des crimes contre l'humanité et est responsable d'une politique d'extermination", a-t-il affirmé.