La Chine n'est pas parvenue vendredi à bloquer la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la crise des droits de l'homme en Corée du Nord.
Pékin, soutenu par l'Angola, l'Egypte, la Russie et le Venezuela, a voté pour une annulation de la réunion mais neuf autres pays, dont le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis, leur ont fait barrage. Le Sénégal s'est abstenu.
C'était la troisième tentative de Pékin pour empêcher cette réunion, qui se tient chaque année depuis qu'une commission d'enquête onusienne a accusé Pyongyang en 2014 de commettre des atrocités sans pareil dans le monde moderne.
L'ambassadeur de Chine Liu Jieyi a estimé que le Conseil de sécurité devrait plutôt se concentrer sur les menaces pesant sur la paix et la sécurité internationale, et que la situation des droits de l'homme en Corée du Nord ne devrait pas être considérée comme une menace.
"Le Conseil de sécurité n'est pas un forum pour discuter des problèmes de droits de l'homme et encore moins pour une politisation des problèmes de droits de l'homme", a-t-il dit.
Cette discussion est "néfaste, sans aucun bénéfice quelconque", a-t-il poursuivi, exhortant les membres du Conseil à "éviter toute rhétorique ou actions qui pourraient provoquer ou entraîner une escalade des tensions".
La Chine, seul allié et partenaire commercial de Pyongyang, répète à l'envi que la communauté internationale ferait mieux de se focaliser sur des pourparlers pour dénucléariser la Corée du Nord.
L'ambassadrice américaine Samantha Power a rétorqué que c'était "faire preuve de crédulité, vraiment, de suggérer (...) que la gouvernance brutale menée par le régime (nord-coréen) est neutre pour la paix et la sécurité internationale".
La commission d'enquête de l'ONU a recensé entre 80.000 et 120.000 détenus dans les camps nord-coréens, et trouvé des preuves irréfutables de torture, d'exécutions et de famine en Corée du Nord.
Elle avait demandé que le Conseil "examine la recommandation" de l'Assemblée générale de l'ONU de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes contre l'humanité commis par le régime communiste.
La réunion de vendredi intervient quelques jours après le renforcement par l'ONU des sanctions internationales contre Pyongyang. Six séries de sanctions ont été adoptées depuis son premier essai nucléaire en 2006.