Le premier procès organisé par la justice serbe contre des auteurs présumés du massacre de Srebrenica, en 1995 en Bosnie, a été ajourné à février pour des raisons de procédure.
Huit hommes, originaires de Bosnie, qui ont tous obtenu la nationalité serbe après la fin de la guerre intercommunautaire (1992-1995) qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés, soit la moitié de la population d'avant-guerre, comparaissent devant le tribunal.
Accusés de "crimes de guerre contre la population civile", ils encourent 20 ans de prison.
Le procès a débuté lundi par un point de procédure, la défense demandant le remplacement des juges, ce que le tribunal a rejeté mardi, mais a, en revanche, enjoint au procureur de communiquer d'ici au 28 décembre à la défense l'identité des témoins protégés.
Le procès reprendra le 6 février, a indiqué la juge Mirjana Ilic, mettant en garde la défense que "le tribunal empêcherait toute nouvelle tentative de le retarder".
Arrêtés en mars 2015, les huit hommes appartenaient à une unité policière spéciale, "Jahorina", du nom d'une station de ski surplombant Sarajevo.
Ils sont accusés d'avoir ordonné ou participé à l'exécution en une seule journée de plusieurs centaines de musulmans bosniaques, capturés dans une forêt puis tués dans un entrepôt de Kravica, près de Srebrenica.
Parmi les hommes jugés à Belgrade, figure le commandant de la brigade, Nedeljko Milidragovic, alias "Nedjo le Boucher", 58 ans. Selon l'acte d'accusation, il avait dit à ses hommes que "personne ne devait sortir vivant" de l'entrepôt.
La Serbie refuse de considérer que Srebrenica fut un acte de génocide, comme le fait depuis plusieurs années la justice internationale, et comme l'a répété en mars le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY) en condamnant à 40 ans de prison Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie pendant le conflit.
En quelques jours de juillet 1995, dans les derniers mois de la guerre, les forces serbes de Bosnie commandées par le général Ratko Mladic avaient massacré quelque 8.000 hommes et adolescents bosniaques. C'est la pire tuerie sur le sol européen depuis la Seconde guerre mondiale.
Arrêté en 2011 après plus de 10 ans de cavale en Serbie, Ratko Mladic, 74 ans, est dans l'attente de son verdict devant le TPIY de La Haye, attendu en 2017. L'accusation vient de réclamer la perpétuité.