Verdict Mladic: seule femme condamnée à La Haye, Plavsic "scandalisée"

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L'unique femme jamais condamnée par la justice internationale pour des crimes durant le conflit de Bosnie, Biljana Plavsic, s'est dite mercredi "scandalisée" par la condamnation à perpétuité de Ratko Mladic.

Agée de 87 ans, celle qui fut vice-présidente de la "Republika Srpska" pendant la guerre avant d'en prendre la présidence en 1996, avait été condamnée en 2003 à onze ans de prison. Elle avait plaidé coupable devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et avait bénéficié d'une libération anticipée en 2011, au grand dam des victimes.

"Je suis scandalisée par le fait qu'une telle institution (ndlr: le TPIY) ignore la justice et la vérité. Je ne suis pas du tout opposée à ce que les criminels soient jugés mais il n'y a ni justice, ni vérité", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Biljana Plavsic, jointe par téléphone depuis Belgrade où elle est installée depuis sa libération, a ajouté ne s'être attendue "à rien d'autre, connaissant le travail du tribunal".

"Le verdict n'est malheureusement pas une surprise, mais il renforcera certainement l'opinion du peuple serbe pour qui le général Mladic est un héros historique et un patriote", a de son côté réagi Milorad Dodik, le patron politique du million de Serbes de Bosnie.

"Je ne pense pas qu'il y ait en Republika Srpska un seul être vivant qui croie que le général Mladic est coupable", a-t-il ajouté.

Une réaction à l'unisson de celle de l'immense majorité des Serbes de Bosnie. "Malheureusement, sur la base de l'expérience et après la condamnation de 72 Serbes, nous ne pouvions pas nous attendre aujourd'hui à quelque chose de mieux. Il est évident qu'il s'agit d'un projet dont l'objectif est de diaboliser le peuple serbe", a déclaré à l'AFP Milan Jolovic, ancien commandant de l'unité des forces serbes de Bosnie "Les loups de la Drina".

Dans un essai qu'elle avait consacré à Plavsic, l'écrivaine croate Slavenka Drakulic rapportait la rhétorique scientifico-raciste de cette professeure de biologie qui expliquait que les Musulmans de Bosnie étaient "une erreur génétique sur le corps serbe". En Bosnie, le quotidien bosniaque Dnevni Avaz l'avait surnommée "la mère du génocide".

De son côté, le tribun ultranationaliste serbe Vojislav Seselj a expliqué à l'AFP qu'il s'était attendu "à ce verdict" de perpétuité pour Mladic, "car il s'agit d'un tribunal illégal et antiserbe". "Dans un système juridique sérieux cela ne tiendrait pas, il n'ont prouvé aucun lien entre Mladic et les événements qui lui sont reprochés", a affirmé Seselj.

Acquitté en mars 2016 par le TPIY, Vojislav Seselj est dans l'attente de l'appel que le parquet avait interjeté.