La guerre au Yémen depuis 2015

Le conflit au Yémen, théâtre de "crimes de guerre" dont vient d'être saisie la Cour pénale internationale, constitue actuellement selon l'ONU "la pire crise humanitaire au monde".

La guerre a fait plus de 8.750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis l'intervention en mars 2015 d'une coalition arabe sous commandement saoudien contre des rebelles houthis.

Originaires du nord du Yémen et alliés avec les militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme, sont accusés d'être appuyés par l'Iran chiite.

- 'Tempête décisive' -

Le 26 mars 2015, plusieurs pays musulmans dirigés par l'Arabie saoudite lancent l'opération aérienne "Tempête décisive" (qui deviendra "Restaurer l'espoir") pour contrer l'avancée des Houthis vers le sud du Yémen.

Ces rebelles tenaient Sanaa, la capitale, depuis septembre 2014, ainsi que de larges parties du nord, du centre et de l'ouest du pays.

Le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait fui à Aden (sud), se réfugie à Ryad.

Le 17 juillet 2015, le gouvernement annonce la "libération" de la province d'Aden (sud), premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition.

Jusqu'à la mi-août, les forces loyalistes parachèvent la reprise de cinq provinces du Sud, mais peinent à les sécuriser face à la présence d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI).

En octobre 2015, les forces gouvernementales reprennent le contrôle du détroit de Bab al-Mandeb, par où transite une bonne partie du trafic maritime mondial.

Le 7 janvier 2017, les forces gouvernementales appuyées par l'aviation et la marine de la coalition déclenchent l'opération "Lance d'Or", dans la région de Dhubab (ouest). Selon des sources militaires, l'objectif est de reprendre les zones longeant la mer Rouge.

- Carnages -

Le 28 septembre 2015, le bombardement d'une salle de mariage à Mokha (sud-ouest) fait 131 morts. L'attaque est imputée à la coalition qui dément.

Le 15 août 2016, la coalition bombarde l'hôpital de la ville d'Abs (nord-ouest), la quatrième attaque à toucher une structure de Médecins sans Frontières en un an.

Le 8 octobre 2016, un raid de la coalition lors d'une cérémonie funéraire à Sanaa fait 140 morts et plus de 500 blessés, selon l'ONU.

Le 12 septembre 2017, Human Rights Watch accuse la coalition arabe d'avoir mené cinq frappes aériennes depuis juin, tuant 39 civils dont 26 enfants.

- Famine -

Le 4 novembre 2017, l'Arabie saoudite annonce avoir intercepté et détruit près de Ryad un missile balistique. Les rebelles affirment avoir lancé le missile pour viser l'aéroport de la capitale saoudienne. Ryad accuse Téhéran, qui dément, d'être derrière cette "agression directe".

Le 6 novembre, la coalition renforce le blocus --maritime, terrestre et aérien-- qu'elle impose au pays.

Le 8, le Conseil de sécurité de l'ONU réclame la fin du blocus. Le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires avait évoqué le risque de "la plus grande famine" de ces dernières décennies.

Le 22, la coalition annonce la réouverture du port de Hodeida et de l'aéroport de Sanaa, tous deux aux mains des rebelles, pour l'aide humanitaire. Mais seulement quelques navires ont depuis accosté à Hodeida et au port voisin de Salif.

- 'Crimes de guerre' -

En juin 2017, HRW affirme que les Emirats arabes unis administrent au moins deux "structures de détention informelles" au Yémen. Abou Dhabi dément.

Fin septembre, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU décide d'envoyer des experts internationaux chargés d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre.

Le 27 novembre, une ONG dépose une plainte pour "crimes de guerre" devant la CPI visant les Emirats arabes unis. La plainte vise "l'utilisation d'armes prohibées", "les attaques indiscriminées contre des populations civiles" et "des actes de torture perpétrés au sein de prisons yéménites" par des mercenaires employés par les Emirats arabes unis, selon Arab Organization for Human Rights in the United Kingdom, basée à Londres.

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