28.03.08 - RWANDA/CANADA - VISA CANADIEN REFUSE POUR LE PRESIDENT D'IBUKA

Montréal, 28 mars 2008 (FH) - Théodore Simburudari, le président d’Ibuka, la principale association rwandaise de victimes du génocide, s’est vu refuser un visa d’entrée au Canada faute d’avoir accepté de mentionner son appartenance ethnique, a dénoncé jeudi à Montréal une association canadienne de victimes du génocide. Aucun membre des services canadiens d’immigration n’a encore pu être joint pour confirmer ou infirmer cette information.

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Le président d’Ibuka devait venir de Kigali pour assister aux cérémonies de la 14e commémoration du génocide rwandais, organisées au Canada. Selon Callixte Kabayiza, le président de Page-Rwanda, l’association qui l’avait invité, le Haut-Commissariat (ambassade) canadien de Nairobi lui a refusé son visa d’entrée « pour des motifs non fondés ». Selon lui, la France aurait également refusé un visa au président d’Ibuka.

M. Kabayiza a déclaré que le président d’Ibuka avait refusé de répondre à une question du formulaire de demande de visa demandant de spécifier le nom du groupe ethnique figurant sur la carte d’identité rwandaise d’avant 1996, dont une copie est par ailleurs exigée. Au Rwanda, la mention de l’appartenance ethnique est désormais interdite sur les documents officiels.
« Cette question est non seulement inappropriée mais infâmante. C'est sur sélection de cette carte d'identité qu'on tuait les gens », a dit le président de Page-Rwanda. «Un questionnaire spécialement réservé aux Rwandais est inacceptable» a-t-il ajouté.
M. Kabayiza a demandé à Ottawa de supprimer la question qui fait polémique et de délivrer un visa à M. Simburudari. « Mis à part cela, le Canada comprend le génocide. Il a remercié le Canada d’avoir adopté la loi de compétence universelle (loi C-24) qui permet de juger les présumés génocidaires se trouvant sur son sol. Pour la commémoration du génocide, une série de conférences, de débats et de messes est organisée à Ottawa et à Montréal du 3 au 26 avril.

Selon M. Déo Nkusi, premier conseiller de l’ambassade du Rwanda au Canada «il y a des gens qui sont au Canada et qui n’ont pas les mains très propres. Certains sont entrés ici en changeant d’identité car ils ne voudraient pas être identifiés. Ce sont des gens qui ont certaines responsabilités dans ce qui s’est passé en 1994 ». Il n’a pas précisé le nombre d’individus incriminés.

D’après le recensement effectué en 2006 par l’institut canadien de la statistique, 3.810 Rwandais vivent au Canada, 79% d’entre eux ayant immigré entre 1996 et 2006.

CS/PB/GF