Syrie: les évacuations de zones assiégées

2 min 53Temps de lecture approximatif

Plusieurs opérations d'évacuation ont été organisées en Syrie, notamment pour des bastions rebelles bombardés et asphyxiés par un long siège du régime, comme à Douma près de Damas, que les derniers insurgés ont quitté samedi, selon l'armée syrienne.

Le départ des derniers combattants rebelles de Douma, en vertu d'un accord avec la Russie--alliée du régime-- après une campagne de bombardements dévastatrice et une attaque chimique présumée, permet à Bachar al-Assad de parachever sa reconquête de toutes les zones insurgées de la Ghouta orientale.

Déclenché en 2011 avec la répression par le régime de manifestations pacifiques, la guerre a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

Le régime de Bachar al-Assad mise sur ce qu'il appelle des accords dits de "réconciliation", qui se traduisent par l'évacuation des combattants et de leurs proches, vers des zones rebelles du nord du pays, en échange de la fin des bombardements et sièges.

En novembre 2017, Amnesty International a estimé dans un rapport intitulé "Partir ou mourir" que les déplacements forcés de populations au titre de ces accords s'apparentaient à un crime contre l'humanité.

- Homs -

En mai 2014, des rebelles quittent leur fief dans la vieille ville de Homs (centre), autrefois surnommée "capitale de la révolution", après un siège de deux ans, et des bombardements et combats qui ont dévasté ce secteur historique.

Il s'agit du premier accord entre régime et rebelles pour le retrait des insurgés depuis le début de la guerre.

Entre mars et mai 2017, des milliers de rebelles et de civils quittent Waer, dernier quartier de la troisième ville du pays contrôlé par les insurgés, permettant aux troupes du régime de reprendre la totalité de Homs.

- Daraya -

En août 2016, les derniers rebelles évacuent leur ex-fief de Daraya, dans la province de Damas, en vertu d'un accord entre régime et insurgés au terme d'un siège de quatre ans et de bombardements incessants.

Les rebelles et leurs familles sont conduits à Idleb dans le nord-ouest du pays, et l'armée syrienne reprend le contrôle de Daraya qui a souffert pendant plusieurs mois de la famine.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait critiqué la "stratégie" de déplacement forcé de population mené par le régime, et prévenu qu'il y aurait "d'autres Daraya".

- Alep -

En décembre 2016, l'armée syrienne reprend la moitié d'Alep, deuxième ville de Syrie, qui lui échappait depuis juillet 2012, après une offensive dévastatrice et un siège impitoyable qui ont abouti à l'évacuation de dizaines de milliers de résidents et d'insurgés vers des régions rebelles du nord.

- Madaya, Zabadani, Foua, Kafraya -

En avril 2017, en vertu d'un accord parrainé par l'Iran et le Qatar, parrains respectifs du régime et des insurgés, près de 11.000 combattants et civils sortent de quatre localités rebelles et prorégime assiégées.

Cette évacuation croisée a concerné Foua et Kafraya, localités chiites dans la province d'Idleb (nord-ouest) encerclées par les rebelles, et Zabadani et Madaya, assiégées par les troupes du régime et désormais sous le contrôle de l'armée.

- Barzé, Qaboun et Techrine -

En mai 2017, le régime prend les quartiers rebelles de Barzé, Qaboun et Techrine à Damas, après le départ de plusieurs milliers de civils et de combattants vers la province d'Idleb.

- Ghouta orientale -

Le déluge de feu du régime, qui a tué plus de 1.700 civils depuis le 18 février, oblige les groupes rebelles acculés et affaiblis à accepter l'un après l'autre des accords préparés par la Russie.

Les 22 mars 2018, le groupe insurgé Ahrar al-Cham accepte d'évacuer la poche de Harasta pour Idleb. Les insurgés du groupe Faylaq al-Rahmane et des civils, dans une zone sud, acceptent à leur tour un tel accord, le 23 mars. Dernier groupe rebelle présent dans la Ghouta,à Douma, Jaich al-Islam refuse un tel accord d'évacuation dans un premier temps avant de céder le 9 avril après la reprise des bombardements du régime et une attaque chimique présumée. Rebelles et civils sont déplacés vers la région d'Al-Bab dans le nord de la Syrie.

Selon les militaires russes, plus 160.000 personnes, combattants et civils, ont été évacuées de la Ghouta orientale.