Le mémorial de la Shoah Yad Vashem a fustigé jeudi un accord entre Israël et la Pologne sur une loi polonaise relative à l'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, affirmant qu'il contient des "supercheries".
La Pologne a amendé le 27 juin une loi ayant suscité l'indignation en Israël car elle prévoyait des peines allant jusqu'à trois ans de prison à quiconque affirmait que le gouvernement polonais était responsable pour les crimes de guerre des nazis.
L'amendement a supprimé les amendes ou les sanctions pénales prévues dans le texte.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son homologue polonais Mateusz Morawiecki ont également publié une déclaration conjointe sur cette question, qui a ensuite été publiée intégralement dans les journaux israéliens et à l'étranger.
Mais Yad Vashem, centre de recherche de renommée mondiale sur l'extermination des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, a publié jeudi une analyse cinglante de la loi amendée et de la déclaration commune.
"Un examen approfondi par les historiens de Yad Vashem montre que les affirmations historiques, présentées comme des faits incontestés, dans la déclaration commune contiennent de graves erreurs et des supercheries", a-t-il ajouté.
Le mémorial souligne l'affirmation, dans la déclaration commune, selon laquelle de "nombreux Polonais" avaient risqué leurs vies pour sauver des Juifs.
"L'aide des Polonais aux Juifs pendant l'Holocauste a été relativement rare et les attaques contre les Juifs et même leur meurtre étaient des phénomènes courants", écrit Yad Vashem.
Le mémorial estime que la loi amendée reste problématique et met en garde contre "la possibilité de préjudice réel pour les chercheurs, la recherche libre et la mémoire historique de l'Holocauste".
Israël s'était inquiété du fait que la législation initiale aurait pu ouvrir la porte à des poursuites contre des survivants de la Shoah si leurs témoignages évoquaient l'implication de Polonais dans le meurtre des Juifs ou dans leur collaboration avec les Allemands.
L'Etat hébreu craignait également que la loi n'entrave la liberté de la recherche universitaire sur l'Holocauste en Pologne.
L'objectif principal de la législation était d'empêcher que les camps de la mort allemands nazis en Pologne, comme Auschwitz-Birkenau, ne soient qualifiés de polonais.
La Pologne a été occupée par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, perdant six millions de ses citoyens, dont trois millions de Juifs.
Yad Vashem a ajouté que s'il était important de supprimer les sanctions pénales, l'amendement ne prévoyait pas de changements à la loi initiale dans les domaines de la recherche et de l'éducation.