Keriako Tobiko, a demandé mardi à la Haute Cour du Kenya de mettre sous séquestre temporairement les loyers de la propriété "Villa espagnole", située à Nairobi, qui jusqu'ici sont versés sur un compte en Belgique au nom de l’épouse de M. Kabuga, Joséphine Mukazitoni.
« Il s’agit d’une bonne nouvelle mais des efforts supplémentaires doivent être déployés (par le Kenya) pour assurer son arrestation, conformément aux exigences de la communauté internationale », a réagi le porte-parole du TIR, Roland Amoussouga interrogé par l'agence Hirondelle.
« Notre priorité absolue est bien évidement d’obtenir l’arrestation de M.Félicien Kabuga. En conséquence, tout acte supplémentaire de la part des autorités kényanes allant dans le sens de la réalisation de cet objectif sera hautement apprécié », a indiqué Amoussouga.
« Il convient de rappeler qu’à l’instar des fugitifs de l’ex-Yougoslavie, le général Ratco Mladic et Radovan Karadzic (ancien chef des Serbes de Bosnie), le cas de Monsieur Kabuga fait l’objet d’une résolution particulière du Conseil de sécurité », a-t-il ajouté.
La Haute Cour du Kenya doit rendre son jugement prochainement.
Fin septembre 2006, le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan Bubacar Jallow, avait pressé le Kenya d'arrêter M. Kabuga. Le mois suivant, la police kényane avait renouvelé ses appels à témoin en vue de son arrestation, le présentant comme un "fugitif extrêmement dangereux".
Accusé d’avoir commandé les machettes ayant servi dans les massacres de 1994, Kabuga est le suspect le plus recherché par le TPIR. Il s'était d'abord réfugié en Suisse avant de prendre la fuite en République démocratique du Congo (RDC) puis au Kenya, où il a échappé à au moins trois tentatives d'arrestation. Il est soupçonné d'avoir reçu une protection de la part de l'ancien président kényan, Daniel Arap Moi (1978-2002). Son gendre, M. Augustin Ngirabatware, ancien ministre du plan, a été arrété en Allemagne en Septembre 2007. L'acte d'accusation avait été émis par le TPIR mais depuis le tribunal n'a pas obtenu son transfert vers Arusha.
Membre du parti présidentiel rwandais de l'époque, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), M. Kabuga était par ailleurs parent par alliance de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat le 6 avril 1994 a déclenché le génocide.
En plus de Kabuga, 12 autres accusés du TPIR sont encore en fuite alors que le Conseil de sécurité a demandé au tribunal de terminer cette année les procès en première instance.
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