15.04.2004 - RWANDA/GENOCIDE - AFRICAN RIGHTS LANCE UN S.O.S EN FAVEUR DES VICTIMES DE VIOL

Arusha, le 15 avril 2004 (FH)- Dans la foulée de la commémoration du dixième anniversaire du génocide anti-tutsi de 1994, l'ONG basée à Londrès African Rights lance un S. O.

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S en faveur des victimes de viol. Dans un rapport de 96 pages intitulé "Rwanda. Corps et âmes brisés dans l'ombre du génocide, du viol et du SIDA" publié jeudi, African Rights relate des témoignages de 201 victimes abandonnées à leur triste sort. La plus jeune avait six ans en 1994, la plus âgée, 71 ans.

"Les femmes font des récits courageux et évocateurs de leurs expériences, mais en réalité c'est leur désespoir qui les fait s'exprimer, alors qu'elles sont en butte à la maladie et la pauvreté. Elles ont besoin D'une aide et si elles ne la reçoivent pas, l'inadéquation des rapports sur les droits de lhomme dans ce contexte soulève de graves questions D'éthique.", écrit African Rights dans un communiqué de presse.

Le viol était systématique pendant le génocide en 1994 et il a été utilisé comme une arme de guerre. African Rights relève que certaines femmes "étaient enceintes au moment de leur attaque, D'autres tombèrent enceintes suite au viol. Nombre des femmes ont fait l'objet D'assauts répétés. En outre, le viol était invariablement un élément D'une longue série D'épisodes traumatiques, y compris D'autres formes de violences, la terreur, la trahison, le deuil et le déplacement."

Selon Josette, une des victimes interrogée par African Rights, les assaillants "avaient transformé leur acte de violence en habitude ; pour eux, c'était comme boire un verre D'eau."

La plupart des femmes violées ont contracté des maladies sexuellement transmissibles, dont le SIDA.

"Il est indispensable de parvenir à aider les femmes à trouver en elles la force émotionnelle et physique de faire face à une infection sidéenne", écrit African Rights qui prône la fourniture à moindre coût de médicaments anti-rétroviraux.

Evoquant les soins médicaux accordés jusqu'ici aux victimes des viols, le rapport D'African Rights les résume en quatre mots "trop peu, trop tard". Les victimes n'ont généralement reçu qu'une assistance limitée, souligne le rapport.

African Rights évoque enfin l'amertume des victimes face aux limites de la justice."Au Rwanda, des efforts sérieux et concertés ont certes été déployés en vue D'éradiquer l'impunité en cas de viol. Mais, même dans une atmosphère aussi compatissante, le viol reste un crime extrêmement difficile à traduire en justice. Nombreuses sont les femmes qui ne peuvent pas identifier les hommes qui les ont torturées et il se peut qu'elles subissent de nouvelles humiliations et de nouvelles angoisses dans le cadre même de la procédure judiciaire", indique le rapport.

African Rights a déjà publié plusieurs rapports sur le génocide rwandais dont "Rwanda. Death, Despair and Defiance", et "Pas si innocentes que ça. Quand des femmes deviennent des tueurs" en 1995 ainsi que "Hommage au courage" en 2002. Ce dernier document est consacré aux hommes et aux femmes qui se sont opposés au génocide.

AT/GF/FH (RW''0415A)