Lafarge en Syrie: les associations, dont l'ONG anticorruption Sherpa, évincées du dossier

La cour d'appel de Paris a annulé jeudi la constitution de partie civile des quatre associations plaignantes, dont l'ONG anticorruption Sherpa, dans l'enquête sur les agissements de Lafarge en Syrie, a-t-on appris de sources concordantes.

La chambre de l'instruction de la cour a déclaré irrecevables les constitutions de partie civile de quatre associations plaignantes, à savoir Sherpa, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'Homme (ECCHR), la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (Chredo) et Life for Paris, qui regroupe des victimes des attentats du 13-Novembre.

"La cour a suivi notre raisonnement qui consistait à dire que ces constitutions de partie civile étaient contestables dès le début de l'instruction", ont réagi les avocats de Lafarge, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain.

Sherpa et ECCHR ont annoncé, lors d'une conférence de presse, leur intention de se pourvoir en cassation contre cette décision. Elles y voient "un mouvement de restriction de l'accès des associations à la justice".

"Pour nous, cette décision est politique, elle s'inscrit dans un mouvement extrêmement dangereux", a déclaré Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux à Sherpa, estimant que "les sujets d'intérêt général ne pourront plus être portés à la connaissance du public".

Début 2019, les juges d'instruction avaient rejeté les contestations de Lafarge sur ce point et le cimentier avait interjeté appel.

Lafarge, mis en examen pour "financement du terrorisme" et "complicité de crimes contre l'humanité", avançait que l'objet social ou les habilitations législatives de ces associations ne leur permettait pas d'agir dans ce dossier. Et qu'à défaut, elles ne pouvaient justifier d'un préjudice direct.

Les dernières années ont vu croître le rôle des associations anticorruption telles qu'Anticor, Transparency international et Sherpa dans des dossiers sensibles où elles font figures d'aiguillons de la justice, principalement dans les affaires financières.

Dans ces dossiers, les avocats de la défense dénoncent régulièrement leur activisme, les accusant de se comporter comme des "procureurs privés".

Après un long bras de fer, la Cour de cassation avait évincé en janvier 2018 l'association anticorruption Anticor de l'affaire Bygmalion, à la demande de l'ancien directeur de campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.

Dans l'affaire du possible financement libyen de la campagne 2007 de l'ancien président, la présence au dossier de Sherpa doit être examinée le 13 février par la cour d'appel de Paris.

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LAFARGEHOLCIM

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