Un an de bouleversements au Soudan

De la contestation, réprimée dans le sang, qui a mené à la chute du président Omar el-Béchir, aux pourparlers de paix entre le gouvernement de transition et les rebelles soudanais, retour sur douze mois de bouleversements au Soudan.

Au total, plus de 250 personnes ont été tuées dans la répression de la contestation, selon un comité de médecins proche des manifestants.

- Pain et liberté -

Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais manifestent dans plusieurs villes après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain en pleine crise économique.

"Liberté, Liberté", "le peuple veut la chute du régime", scandent des manifestants dès le lendemain dans plusieurs autres villes, notamment à Khartoum, la capitale, et Omdourman, sa voisine.

Au cours de rassemblements quasi-quotidiens, les manifestants réclament pendant plusieurs semaines la démission du président au pouvoir depuis 1989.

Les manifestations se raréfient à partir du 22 février : M. Béchir instaure l'état d'urgence dans tout le pays et interdit les rassemblements non autorisés.

- Béchir destitué -

Le 6 avril 2019, des milliers de manifestants se rassemblent devant le QG de l'armée à Khartoum et y campent pendant six jours pour réclamer son soutien.

Le 11 avril, l'armée destitue et arrête Omar el-Béchir, remplacé par un "Conseil militaire de transition".

Malgré un couvre-feu d'un mois, des milliers de manifestants restent devant le QG de l'armée, rejetant un "coup d'Etat".

- Echec des négociations -

Le 20 mai, des négociations entre militaires et meneurs de la contestation s'achèvent brusquement sans accord sur la composition d'un Conseil souverain censé assurer la transition vers un pouvoir civil.

Les mouvements islamistes font bloc derrière l'armée, espérant préserver la charia (loi islamique) en vigueur depuis 1989.

- Répression sanglante -

Le 3 juin, le sit-in devant le QG de l'armée est dispersé par des hommes armés en tenue militaire, faisant des dizaines de morts. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont accusés, le Conseil militaire de transition ordonne l'ouverture d'une enquête.

L'armée appelle à des élections dans "neuf mois maximum". Les protestataires dénoncent un "putsch".

Le 27, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, annonce avoir reçu un nouveau "projet d'accord" de médiateurs de l'Ethiopie et de l'Union africaine (UA). Les généraux se disent prêts à négocier.

- Accord de transition -

Une "déclaration politique", qui entérine le principe d'un partage du pouvoir, est signée le 17 juillet, prévoyant la création d'un Conseil souverain qui dirigera le pays pendant une transition de trois ans vers un pouvoir civil.

Le 17 août, le Conseil militaire et les meneurs de la contestation signent formellement l'accord de transition comprenant la nécessité de signer des accords de paix avec les groupes rebelles au Darfour (ouest) et dans les Etats du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, frontaliers du Soudan du Sud.

Le Conseil souverain, composé de six civils et cinq militaires est formé trois jours plus tard. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire de transition, le préside. Abdallah Hamdok, ex-économiste de l'ONU, est nommé Premier ministre.

Le premier gouvernement post-Béchir prête serment le 8 septembre.

- Pourparlers de paix -

Mi-octobre, débutent à Juba (Soudan du Sud) des pourparlers de paix entre Khartoum et les rebelles qui ont combattu les forces d'Omar el-Béchir dans les régions du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud.

Le 16, le chef du Conseil souverain annonce un "cessez-le-feu permanent" dans les trois zones de conflit et autorise peu après la fourniture d'aide humanitaire.

Fin novembre, le parti du président déchu est dissous et son régime "démantelé".

- Béchir condamné -

Le 14 décembre, Omar el-Béchir est condamné à deux ans en centre correctionnel pour corruption. Le parquet général fait état d'autres enquêtes en cours "à propos de meurtres et de crimes contre l'humanité" dans plusieurs régions du pays ayant connu des rébellions, ou encore sur son rôle dans le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir en 1989.

Justice Info est sur Bluesky
Comme nous, vous étiez fan de Twitter mais vous êtes déçus par X ? Alors rejoignez-nous sur Bluesky et remettons les compteurs à zéro, de façon plus saine.
Poursuivez la lecture...