01.03.2004 - TPIR/BUTARE - NTEZIRYAYO ET NDAYAMBAJE ONT INCITE AUX MASSACRES, SELON UN TEMOIN

Arusha, le 1er mars 2004 (FH) – Un témoin à charge entendu dans le procès de six personnes accusées d’avoir perpétré des actes de génocide à Butare (sud du Rwanda) a déclaré lundi au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que deux des accusés avaient incité aux massacres à la paroisse Mugombwa (préfecture de Butare). FAG, le 35è témoin du parquet, est un paysan qui a avoué aux autorités rwandaises sa participation au génocide à Butare.

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La paroisse Mugombwa est l’un des endroits qu’il a nommés où il aurait pris part aux attaques contre des Tutsis.

Au cours de l’interrogatoire principal, FAG a allégué que des massacres avaient été commis sur l’incitation de l’ancien préfet de Butare, Alphonse Nteziryayo, et de l’ancien maire de la commune Muganza, Elie Ndayambaje.

Le témoin a indiqué avoir été présent le 22 juin 1994 quand Ndayambaje a été réinstallé dans ses fonctions par Nteziryayo. Lors de la réunion qui s’est déroulée au siège communal de Muganza, le préfet et le maire auraient appelé la population à se soulever et à pourchasser les Tutsis restants.

FAG a également répété ce que des témoins précédents avaient dits, alléguant qu’il avait vu Ndayambaje et Nteziryayo transporter des tueurs vers la colline Kabuye où des Tutsis avaient trouvé refuge.

“Nteziryayo conduisait un pick-up rempli d’Interahamwe et de soldats. Il était suivi par un autre pick-up conduit par un homme qui, je l’ai appris plus tard, était Nteziryayo”, a expliqué le témoin.

Au cours du contre-interrogatoire, FAG s’est montré irrité lorsque le conseil de la défense lui a demandé de détailler les crimes qu’il avait commis et avoués au Rwanda.

“Je ne vois pas le rapport avec cette affaire”, a-t-il répondu. “Demandez-moi ce qui est pertinent, mais laissez de côté mon aveu de culpabilité, ” a-t-il ajouté. Il a avoué en 1998 afin de bénéficier de la relaxe offerte à ceux qui acceptaient d’avouer et de coopérer avec les autorités judiciaires rwandaises.

Ndayambaje et Nteziryayo sont co-accusés avec l'ancienne ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobali, un autre ancien préfet de Butare, Sylvain Nsabimana, et l'ex- maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi.

Tous plaident non coupables de l'ensemble des chefs de génocide et de crimes contre l'humanité retenus contre eux.

Le procès a été ajourné dans l’après-midi, pour permettre à un de ses juges, l’Ougandaise Solomy Balungi Bossa, d’entendre les plaidoiries finales dans le procès contre l’ancien ministre des Finances sous le gouvernement intérimaire, Emmanuel Ndindabahizi, où elle siège également.

Le juge Bossa est la première juge ad litem à avoir prêté serment au TPIR, en septembre 2003.

Les débats sont présidés par le juge tanzanien William Hussein Sekule de la deuxième chambre de première instance. Il est assisté de la Malgache Arlette Ramaroson et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

CE/KN/GF/FH (BT''0301A)