La décision du Maroc d'intégrer le Sahara occidental dans son espace maritime "n'aura aucun effet légal", a estimé mercredi soir le Front Polisario, qui a menacé de saisir la justice internationale.
"Les lois du Maroc sur la zone maritime du Sahara occidental ne sont que de la poudre aux yeux pour berner l'opinion publique marocaine et n'auront aucun effet légale", a affirmé dans une déclaration écrite à l'AFP Mhamed Khadad, un membre de la direction du Front Polisario, qui milite pour l'indépendance du Sahara occidental, en grande partie contrôlée par le Maroc.
"Il ne s'agit que de propagande, dénuée de toute valeur juridique internationale", a-t-il ajouté.
Rabat a intégré mercredi les eaux du Sahara occidental dans son espace maritime, en adoptant deux lois renforçant sa tutelle sur cette ancienne colonie espagnole au statut toujours indéfini.
Les lois établissant la compétence juridique du Maroc sur l'espace maritime allant de Tanger (nord) à Lagouira, à la frontière mauritanienne, ont été adoptées à l'unanimité par le Parlement à Rabat.
"Le Front Polisario va examiner les suites à donner dans le cadre des actions en justice qu'il conduit devant le Tribunal de l'Union européenne", a averti Mhamed Khadad, qualifiant les deux lois marocaines de "gesticulation".
"S'il le faut, il n'hésitera pas à saisir le Tribunal international du Droit de la Mer pour faire juger que ces lois sont nulles et non avenues", a ajouté le responsable du Polisario.
Le Polisario a déposé des recours contre deux récents accords entre l'Union européenne et le Maroc, élargissant les échanges commerciaux agricoles et halieutiques aux produits du Sahara occidental. La procédure est en cours, selon Me Gilles Devers, l'avocat du Polisario joint par l'AFP.
En gestation depuis des années, la délimitation des eaux a aussi, par le passé, suscité des tensions entre le Maroc et l'Espagne, notamment après des explorations pétrolières dans la zone.
La question du statut du Sahara occidental, toujours considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenu par l'Algérie.
Cette vaste étendue désertique bordée par environ 1000 km de côte atlantique est en grande partie contrôlée par le Maroc, qui veut une "autonomie sous contrôle" pour la zone qu'il considère comme sienne. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination.
Un cessez-le-feu signé en septembre 1991 sous l'égide de l'ONU prévoyait un tel référendum dans les six mois, sans cesse repoussé depuis en raison d'un différend entre Rabat et le Polisario sur la composition du corps électoral et le statut du territoire.

