23.02.2004 - TPIR/BUTARE - NDYAMBAJE A DISTRIBUE DES ARMES ET ORDONNE DES MASSACRES, SELON UN TEMOIN

Arusha, le 23 février 2004 (FH) – Un témoin à charge dans le procès Butare, génocidaire repentant, a déclaré lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qu’Elie Ndayambaje, un des six accusés, aurait distribué des armes et ordonné le massacre de Tutsis en avril 1994. Le témoin, dénommé QBZ, a indiqué que Ndayambaje, ancien maire de la commune Muganza (prefecture de Butare, sud du Rwanda), lui avait ordonné, ainsi qu’à un groupe d’une vingtaine de Hutus, de tuer cinquante Tutsis détenus dans l’une des prisons communales.

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“L’heure des Tutsis est venue,” aurait dit Ndayambaje, s’adressant à la population à Muganza en avril 1994. Le témoin n’a pas précisé la date exacte de l’allocution.

A la question du substitut du procureur, Adelaide Whest, concernant la signification de cette phrase, QBZ a répondu que ‘l’heure était venue de tuer les Tutsis.’

Le témoin a ensuite expliqué que Ndayambaje aurait distribué des pistolets, utilisés pour tuer les détenus tutsis.

Ndayambaje est coaccusé avec l'ancienne ministre de la famille et de la promotion féminine Pauline Nyiramasuhuko, son fils et ancien leader Interahamwe Arsène Shalom Ntahobali, l'ancien maire de Ngoma, Joseph Kanyabashi, ainsi que deux anciens préfets de Butare Sylvain Nsabimana et le colonel Alphonse Nteziryayo . Tous plaident non coupables de génocide et crimes contre l’humanité.

QBZ, le 32è témoin à charge, a poursuivi, expliquant que le lendemain, Ndayambaje les aurait conduit à la colline Kabuye, où des Tutsis avaient trouvé refuge. Ils (le témoin et son groupe) ne seraient pas restés longtemps. « Nous avons quitté Kabuye avec Ndayambaje, et sommes allés à Butare chercher plus de soldats, » a-t-il expliqué.

Quelques minutes avant de quitter Butare en compagnie de soldats armés, Ndayambaje aurait abattu une jeune femme nommée Venerande.

Selon le témoin, de retour à Kabuye, les soldats auraient commencé à tirer sur les Tutsis. Beaucoup de réfugiés seraient morts, tandis que d’autres auraient réussi à s’échapper en Tanzanie voisine.

Une grande partie de la déposition de QBZ a été entendue à huis clos, et les dates précises auxquelles ces événements se seraient déroulés n’ont pas été mentionnées en audience publique.

Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, assisté de la Malgache Arlette Ramaroson et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

CE/NI/FH (BT''0223A)