19.02.2004 - TPIR/MILITAIRES - DES OFFICIERS AURAIENT JURE " D'EXTERMINER DES COMPLICES "

Arusha 19 février 2004 (FH)- Des officiers des ex-Forces armées rwandaises (FAR) avaient juré "D'exterminer les complices" du Front patriotique rwandais (FPR, ancienne rébellion à dominante tutsie), avant de l'attaquer, selon un témoin à charge entendu jeudi dans le procès " Militaires I" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le quarante cinquième témoin du parquet, un ancien militaire des FAR, en a donné pour preuve des propos qu'aurait tenus le commandant du bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, au lendemain de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

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"Il a dit qu'il savait que l'ennemi était le FPR, mais qu'il devait D'abord exterminer ses complices", a rapporté le témoin "DN", ainsi dénommé pour préserver son anonymat.

Selon le témoin, Nzuwonemeye était en compagnie D'autres officiers dont l'ex- commandant du bataillon para-commando, le major Aloys Ntabakuze, l'un des quatre accusés dans le procès " militaires I".

Ntabakuze est co- accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat- major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, et l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (nord- ouest), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.

Accusés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, ils plaident non coupable.

Le major Nzuwonemeye est également détenu par le TPIR, son procès devrait s'ouvrir en septembre prochain. Il comparaîtra aux côtés D'autres officiers des FAR parmi lesquels l'ancien chef détat- major, le général-major Augustin Bizimungu.

DN a par ailleurs indiqué avoir été témoin de l'entraînement de miliciens Interahamwe au camp militaire de Mukamira dans la préfecture de Ruhengeri (nord).

Il a ajouté avoir appris que des conseillers municipaux y recevaient le même entraînement. " En me rendant à Gisenyi, J'ai rencontré une femme conseiller qui suivait l'entraînement au camp" a indiqué le témoin.

Lors du contre-interrogatoire, l'avocat franco- martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant, a demandé au témoin si le major Nzuwonemeye avait donné des instructions pour tuer les Tutsis.

DN a répondu que l'officier avait donné ordre aux hommes de son bataillon de procéder aux massacres, après leur avoir expliqué que l'avion présidentiel avait été abattu.

La défense de Kabiligi a, quant à elle, douté que DN ait été témoin de l'entraînement de milices au camp Mukamira.

Le témoin a répondu que ces entraînements étaient de notoriété publique. Sa déposition a prouvé qu'il n'avait pas une bonne connaissance du camp Mukamira.

"Je ne connais pas le nombre de bâtiments du camp, car je n'avais pas le temps de circuler à l'intérieur" a-t-il déclaré. Il a ajouté qu'il avait servi dans ce camp pendant quatre mois.

Il a par ailleurs affirmé qu'il ne souvenait pas du nom de son unité, ni de ses supérieurs hiérarchiques, à l'exception du major Nzuwonemeye.

Alors qu'il avait déclaré, en interrogatoire principal, avoir vu, au camp militaire, des bus débarquer des gens à entraîner, il a indiqué, en contre- interrogatoire, qu'il ne savait pas où ils étaient logés.

Kabiligi est défendu par l'avocat togolais Me Jean Yaovi Degli.

Le procès "Militaires I se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Møse, assisté du Russe Serguei Aleckseievich Egorov et du Fidjien Jai Ram Reddy. Les débats se poursuivent vendredi.

ER/SV/AT/GF/FH (Ml''0219A)