La Cour pénale internationale (CPI) a condamné mercredi les sanctions américaines "sans précédent" et "inacceptables" annoncées mercredi par Washington contre la procureure de la Cour Fatou Bensouda, qui souhaite une enquête pour crimes de guerre en Afghanistan.
"La CPI condamne les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis plus tôt dans la journée à la procureure de la Cour et à un membre de son bureau", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.
L'administration du président américain Donald Trump a mis sa menace à exécution contre l'une des bêtes noires des conservateurs américains en imposant des sanctions économiques inédites à la procureure de la CPI, créée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde.
"Ces actes coercitifs, dirigés contre une institution judiciaire internationale et ses fonctionnaires, sont sans précédent et constituent de graves attaques contre la Cour, le système de justice pénale internationale du Statut de Rome et l'état de droit en général", a ajouté la CPI.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé l'inscription sur la liste noire des Etats-Unis de la procureure Fatou Bensouda et de Phakiso Mochochoko, directeur de la division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération de la juridiction qui siège à La Haye. Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est barré.
La CPI avait pris la décision en mars d'autoriser l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Afghanistan.
Donald Trump a autorisé en juin des sanctions économiques pour dissuader la juridiction de poursuivre des militaires américains pour leur implication dans le conflit en Afghanistan.
L'enquête souhaitée par la procureure Bensouda vise notamment des exactions qui auraient été commises par des soldats américains en Afghanistan. Des allégations de torture ont également été formulées à l'encontre de la CIA.
"Je rejette fermement ces mesures sans précédent et inacceptables contre une organisation internationale fondée sur des traités", a déclaré le Président de l'assemblée des Etats parties de la Cour, le juge O-Gon Kwon.
Les sanctions américaines "ne font qu'affaiblir notre effort commun de lutte contre l'impunité des atrocités de masse", a-t-il ajouté, annonçant la tenue prochaine d'une réunion de son bureau "pour examiner les mesures".

