Roméo Dallaire était contre-interrogé par l'avocat du colonel Théoneste Bagosora, principal accusé dans ce procès. En 1994, Bagosora était directeur de cabinet au ministère de la défense. Le parquet le présente comme "le cerveau" du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts entre avril et juillet cette année-là.
Le général Dallaire a déclaré qu'au fur et à mesure que le temps avançait, il avait constaté que le FPR "n'avait pas nécessairement parmi ses priorités le bien-être des populations de l'intérieur mais un plan longtemps élaboré qui aboutirait à un pays dominé par les Tutsis".
Roméo Dallaire a D'abord évoqué le comportement du FPR en janvier 1994, relevant notamment son "intransigeance politique".
Début 1994, le Rwanda devait mettre en place des institutions de transition issues des accords de paix conclus à Arusha (Tanzanie) en août l'année précédente mais les tensions politiques persistantes ont plutôt conduit au génocide et à la reprise de la guerre. Les accords prévoyaient entre autres le partage du pouvoir entre l'ancien gouvernement et le FPR ainsi que l'intégration de leurs forces.
Le général Dallaire s'est ensuite référé à la période allant de juin à août 1994 durant laquelle "J'ai pu m'apercevoir que le FPR voulait prendre le contrôle du pays et non s'orienter nécessairement vers un gouvernement équilibré sur le plan ethnique mais vers un retour massif des réfugiés [tutsis]de l'extérieur", a-t-il dit.
Le général Dallaire a servi au Rwanda D'octobre 1993 à août 1994.
La défense entend démonter une opinion relayée par certains médias de l'époque selon laquelle, dans le conflit rwandais "le FPR par définition était du côté des bons, tandis que les autres[les forces gouvernementales] se trouvaient nécessairement du côté des mauvais".
Bagosora est coaccusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée rwandaise, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Ils sont notamment accusés D'entente en vue de commettre le génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ils plaident non coupable.
Leur procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
AT/GF/FH (Ml''0121A)