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Adjudant-chef au sein des ex-Forces armées rwandaises (FAR), le témoin a indiqué que "Bagosora s'était arrogé des pouvoirs très importants" au lendemain de l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana dans la nuit du 6 avril 1994.
Cet attentat a été l'élément déclencheur du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en trois mois, selon Kigali.
AE a rapporté que Bagosora avait convoqué une réunion de hauts officiers à l'Ecole supérieure militaire (ESM) de Kigali dans la matinée du 7 avril 1994, dans le but de former un gouvernement intérimaire.
Le procureur affirme que Bagosora était devenu "l'homme le plus puissant du pays, à même de gérer la crise".
"Le premier ministre Agathe Uwilingiyimana et dix casques bleus belges [membres de son escorte] ont été tués par des militaires à une centaine de mètres de là, pendant que la réunion était en cours", a allégué le témoin, reprenant mot pour mot l'acte D'accusation.
Bagosora est notamment poursuivi pour ces assassinats. Son conseil martiniquais, Me Raphaël Constant, a contesté la chronologie des événements fournie par le témoin. l'avocat s'est ensuite étonné de ce que M.AE, qui était alors en charge de la sécurité dun secteur proche de l'ESM, n'ait pas alerté ses supérieurs pour prévenir les massacres.
Le témoin avait auparavant indiqué que "des militaires modérés" dont il faisait partie, avaient quitté la résidence du premier ministre peu avant son assassinat, au motif qu'ils "se sentaient dans l'incapacité de le défendre"
Considéré par le parquet comme le "cerveau du génocide" anti-tutsi de 1994, Bagosora est co-accusé avec trois autres hauts gradés des ex-FAR. Il s'agit de l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Le parquet allègue qu'ils ont élaboré un plan de génocide anti-Tutsi, dont la mise en exécution a coïncidé avec la mort du président Habyarimana. Tous plaident non coupable.
Communément appelé "Militaires I", ce procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
La déposition de AE se poursuivra mercredi.
GA/AT/GF/FH (Ml'1216A)