15.09.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - L’ANCIEN MINISTRE AURAIT ORDONNE DE TUER TOUTES LES FEMMES TUTSIES

Arusha, le 15 septembre 2003 (FH) – Un témoin de l’accusation a allégué lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que l’ ancien ministre des finances sous le gouvernement intérimaire, Emmanuel Ndindabahizi, aurait ordonné de tuer toutes les femmes tutsies y compris celles qui étaient mariées à des Hutus. Emmanuel Ndindabahizi, 53 ans, répond de trois chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis dans sa province natale de Kibuye (ouest du Rwanda).

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Il plaide non coupable.

Le dixième témoin à charge est un Tutsi qui a survécu au génocide grâce à sa belle- famille hutue.

« Il (Ndindabahizi) a appelé les Interahamwe à tuer les femmes tutsies mariées à des Hutus. Ces dernières avaient été jusque-là épargnées », a raconté le témoin.

Il a situé les faits vers la fin du mois de mai 1994 à un barrage routier, près d’un point qu’il n’a pas voulu nommer arguant que son identité serait divulguée s’il donnait cette précision.

« Tuez- les, sinon elles vont vous empoisonner », aurait dit l’ancien ministre s’adressant à des gens massés autour de lui.

« Il (l’accusé) a dit que leurs maris devaient les (femmes tutsies) tuer et épouser des femmes hutues », a rapporté le témoin.

Il était caché dans un buisson à une quarantaine de mètres du barrage routier, selon sa déposition.

En le contre-interrogeant, le conseil principal de la défense, le Français Pascal Besnier, a relevé que le témoin n’a jamais mis en cause Ndindabahizi lors de ses différents témoignages devant la justice rwandaise.

« Puisque vous en aviez l’occasion, pourquoi n’avez-vous jamais fait mention du nom ni des agissements de Ndindabahizi ? Ne croyiez- vous pas important de signaler la présence d’un ministre à un barrage routier ? », a demandé l’avocat français.

« Lorsque quelqu’un a fui, vous ne pouvez pas parler de lui. Pourquoi parler de quelqu’un qu’on ne voit pas ? », a riposté le témoin.

Le président de la chambre, le Norvégien Erik Mose est alors intervenu pour l’appeler à « bien écouter les questions et y répondre avec concision ».

Lors de l’interrogatoire principal, le représentant du procureur, le Tanzanien Wallace Kapaya avait éprouvé lui aussi certaines difficultés à obtenir des réponses du témoin.

«C’est moi qui pose des questions cet après-midi», avait dû lancer à un moment donné Wallace Kapaya.

Emmanuel Ndindabahizi comparaît devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

ER/CE/GF/FH (NB'0915A)