08.09.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - l'EX-MINISTRE NDINDABAHIZI AURAIT INCITE AUX TUERIES

Arusha, le 8 septembre 2003 (FH) - Deux témoins de l'accusation ont affirmé que l'ancien ministre des finances, Emmanuel Ndindabahizi, avait incité les Hutus à tuer les Tutsis dans sa province natale de Kibuye (ouest du Rwanda), lors de leurs comparutions lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité, Emmanuel Ndindabahizi, 53 ans, est en procès depuis le 1er septembre 2003 devant la première chambre de première instance du TPIR.

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Le cinquième et le sixième témoin à charge sont des survivants du génocide originaires de la commune Gitesi, comme l'accusé.

Selon leurs témoignages, Emmanuel Ndindabahizi aurait D'abord distribué des machettes neuves à des Hutus avant de les envoyer "mettre en application le plan" D'extermination des Tutsis.

Les Hutus en question se trouvaient à un barrage routier au pied de la colline de Gitwa, selon les deux témoins. Des Tutsis étaient cachés dans des buissons aux alentours, ont ils ajouté.

"Il y a des Tutsis qui sont devenus difficiles, impossibles sur la colline de Gitwa, il faut les tuer" aurait déclaré l'ancien ministre, promettant des récompenses à ceux qui allaient répondre à son appel.

Les deux témoins ont situé l'incident entre le 20 et le 24 avril 1994. Leurs dépositions se ressemblaient trait pour trait, à l'exception de quelques détails comme le moyen de transport utilisé par l'accusé, ou le jour où il serait arrivé sur les lieux.

Pour l'un, l'accusé aurait utilisé une berline, pour l'autre une camionnette "à double cabine".

Selon les témoins, les Tutsis de Gitwa ont D'abord opposé une résistance aux assaillants qui portaient des armes traditionnelles. Leur résistance n'a été brisée que par l'intervention des gendarmes autour du 26 avril 1994.

En les contre- interrogeant, l'avocat principal D'Emmanuel Ndindabahizi, le Français Me Pascal Besnier, leur a notamment demandé comment ils ont pu être témoins de la distribution des machettes et des propos imputés à l'accusé alors qu'ils étaient cachés et en danger de mort.

Ils ont répondu que leur cachette se trouvait près du barrage routier. Ils ont ajouté qu'ils ne pouvaient pas être découverts étant donné que les buissons de la colline Gitwa étaient touffus.

Le procès se déroule devant la chambre présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa. Les débats continuent mardi avec la suite du contre- interrogatoire du sixième témoin à charge sur les dix-neuf annoncés.

ER/AT/GF/FH(NB'0908A)